Le 7 avril 2003, des Français juifs ou d'origine juive ont publié dans le
journal Le Monde un texte
intitulé "Une autre voix juive"
- pour manifester collectivement leur conviction que « devant la montée des
menaces intégristes, chauvines, communautaristes, racistes et antisémites,
devant les ingérences criminogènes, anti-démocratiques, de la droite israélienne
dans la société française […] il n'y a de paix et avenir pour le peuple
israélien que dans une coexistence pacifique et loyale avec le peuple
palestinien »,
- pour appeler à ne pas confondre antisémitisme et critique de la politique
israélienne,
- et pour soutenir « tous ceux qui, en Israël, en Palestine et ailleurs,
œuvrent courageusement pour la paix, pour la justice, pour l'égalité des droits
».
Parce que notre identité chrétienne est une « identité reçue » qui s’enracine
dans le judaïsme,
Parce que nous non plus, chrétiens, nous ne supportons plus l’horreur qui
règne en Israël et dans les Territoires palestiniens et voulons pouvoir :
- critiquer la politique israélienne actuelle sans pour autant être traités
d’antisémites,
- exprimer notre révolte devant les attentats aveugles perpétrés contre des
victimes israéliennes innocentes sans passer pour des racistes anti-arabes,
Au nom de notre amitié pour les deux peuples, nos frères palestiniens et nos
frères israéliens, et au nom de notre solidarité avec tous ceux qui, en Israël
et dans les territoires occupés palestiniens, prônent la reprise du
dialogue,
Nous désirons nous exprimer à notre tour et dénoncer les amalgames auxquels
un certain nombre de voix voudraient nous contraindre :
- le dialogue entre juifs et chrétiens ne présuppose pas de cautionner tout ce
que fait l'État d'Israël car le peuple juif et l’État d’Israël ne sont pas deux
réalités synonymes ;
- l'État d'Israël a droit à la sécurité à l'intérieur de frontières
internationalement reconnues. Défendre ce droit n’est pas incompatible avec le
refus de l’occupation et de la colonisation des Territoires (Cisjordanie, Gaza)
et du Golan.
- demander le respect des résolutions successives du conseil de Sécurité et de
l'Assemblée générale de l'ONU n'est pas remettre en question le droit légitime
d'Israël à l'existence, seulement admettre qu'Israël fait partie de la
communauté internationale et, à ce titre, est tenu d'en appliquer les décisions.
- dénoncer l’injustice et la violence que l’État d’Israël fait subir
quotidiennement aux Palestiniens n’est pas de l’antisémitisme ;
- protester contre le sort fait aux Palestiniens et défendre leur droit à un
État n’est pas approuver la violence aveugle des extrémistes.
Nous revendiquons le droit à une parole libre, respectueuse des différences
de sensibilité, nourrie de la mémoire du passé et au service d’un avenir de
paix, sous le signe du pardon, de la réconciliation et de la
justice.
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