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Compte rendu du colloque (1-2 octobre 2008) 
"Le Moyen-Orient, une passion Française ? De la guerre des six jours à Septembre noir"

par Richard Markovitch, membre du collectif UAVJ, 7-10-08


Mercredi 1er octobre

Introduction de Geneviève Dreyfuss-Armand (BDIC) et Henry Laurens (profeseur au Collège de France). Dominique Vidal (écrivain, journaliste), souffrant est excusé pour son absence.

La diplomatie Française dans le conflit israëlo-arabe de juin 67 à fin 70-
De la guerre de juin 67 à septembre noir.
Intervenants : H.Laurens, Phlippe de Saint-Robert (écrivain, journaliste), Robert Frank (prof. Histoire Sorbonne), Patrick Seale (écrivain, journaliste), Yves Guéna (ancien ministre).

H.laurens rappelle la qualification du conflit ouvert en juin 67 : « guerre des 6 jours) pour les Israëliens, « guerre de 3 ans » pour les Palestiniens (jusqu’au « septembre noir »).
La critique expansioniste de De Gaulle vis à vis d’Israël est fixée dans les esprits par sa formulation à l’encontre du peuple Juif lors de sa conférence de presse de novembre 67 : « ..peuple d’élite sûr de lui- même et dominateur.. », déclanchant la tempête polémique que l’on connait. La fin de la guerre d’Algérie permet une transition dans une perspective de renouer avec les pays arabes, à la demande de ces pays. Pour de Gaulle, l’état d’Israël est un fait acquis, mais il craint les risques d’un troisième conflit mondial en cas « d’exagération »  de celui-ci. Face à ce danger, il est favorable à des négociations, au retrait des territoires occupés et à la reconnaissance d’Israël par les états Arabes. L’opinion publique, encore sous le coup du retrait d’Algérie, fortement anti Arabe, est favorable à la politique U.S. de soutien inconditionnel à Israël. L’URSS propose un plan de réglement fin 67, proche des positions Françaises. La création d’un état Palestinien est évoquée au cours d’une rencontre De Gaulle/Husseyn de Jordanie. L’arrivée de G.Pompidou accentue le revirement de de la France dans sa politique de désengagement envers Israêl et de soutien aux pays Arabes au travers de trois affaires :
l’affaire de vedettes de Cherbourg,
les ventes d’avions (Mirages) à la Lybie,
la prise à partie de G.Pompidou par des Juifs Américains après ses déclarations face à des membres de cette communauté (il avait avancé que les juifs américains ne sont pas des citoyens Israëliens).

Ph. De Saint-Robert souligne le désengagement de la France envers Israël à partir de 67 (aide nuclèaire, livraisons d’armes). Création de l’OLP à l’issue de la guerre des 6 jours. Pompidou n’a pas dévié de la position de De Gaulle. V.Giscard d’Estaing prend ses distances avec A.El Sadate. Au niveau de la presse Française, le seul soutien aux Palestiniens est dans l’Humanité et dans Témoignage Chrétien. La politique « proArabe » est très mal perçue dans les milieux gaullistes.

Y.Guéna souligne la qualité objective de la politique de De Gaulle, dans un souci d’équilibre et d’enrayer une généralisation possible du conflit.

R.Frank préfère l’expression « guerre de trois ans «   à « guerre des six jours ». C’est une guerre qui change tout : avant, Israël est fragile, après, une relation occupant/ocupé s’instaure. Les Palestiniens doivent compter sur leurs propres forces (après la mort de Nasser, Sadate défend l’égypte et non plus les Arabes dans leur ensemble). Israël a été soutenue par la 4ème République pendant une courte période. La France ne reconnait Israël que tardivement après une longue tradition Levantine (aide au Liban et à la Syrie). De Gaulle recherche l’équilibre au milieu de ces « passions Françaises ». sa vision s’inscrit aussi dans sa distance prise à l’égard des Etats Unis.
Mitterrand tentera de rétablir des liens partiellement rompus avec Israël lors de son intervention à la Knesseth. Une part importante d’irrationnalité, de confusion s’inscrit dans ce conflit, notamment autour de la définition et de l’utilisation du mot « sionisme ».

H.laurens fait remarquer qu’en 68 la France a continué à livrer des armes à Israël et notamment plus que les Etats Unis ne l’ont fait cette même année. L’ensemble de la presse Française est pro Israëlienne à cette époque à part les exceptions citées plus haut (l’Humanité et Témoignage Chrétien). En conclusion H.Laurens souligne le fait que cette « passion Française » va s’afficher en dehors des clivages politiques.

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L’émergence d’une « communauté juive »  française ?
Intervenants : Anne Grynberg (Maître de Conf. à l’INLO), Samuel Gilles-Meilhac (doctorant EHESS), Théo Klein (avocat, écrivain, ex président du CRIF)

Anne Grynberg introduit le sujet par des questions :
s’agit il d’une communauté de destin ?,
doit on rester ou sortir de la sphère privée ?,
l’état d’Israël est il un recours pour les juifs du monde entier ?,
la communauté juive de France a été profondément choquée par les propos de De Gaulle lors de sa conférence de presse de novembre 67.
L’affirmation des racines, des identités pose le problème du communautarisme et de l’ambiguïté de la double appartenance.
1967, la naissance de la communauté juive moderne : Ashkénazes et Sépaharades unis dans le soutien à Israël.
L’opinion face à la guerre des six jours : un consensus extraordinaire.

Samuel Gilles-Meilhac. Jusqu’aux années 30 on ne parlait pas des juifs, mais des israëlites de France. Il y eut ensuite l’afflux des émigrés des pays de l’est. Avec l’afflux des juifs d’Afrique du Nord, suite à la guerre d’Algérie, la communauté juive de France double. Les Sépharades changent l’aspect du judaïsme français en le décomplexant. Les juifs de France sont très attachés à la république française. En 67 au moment de la guerre des six jours, il affirment leur soutien à Israël par l’émergence de nouvelles associations en marge du CRIF. Ainsir le "Renouveau Juif" lors de manifestations dénonce la politique pro arabe de la France.
En 67, il y a quasi unanimité de soutien ( à part De Gaulle) :
dans la presse ( sauf l’Huma et T.C.)
chez les intellectuels : J.P.Sartre, S.de Beauvoir, P.Vidal-Naquet (droit à l’existence d’Israël).
On constate une gêne des intellectuels de gauche dans le soutien à Israël :
Image d’israël cernée,
Hostilité du nationalisme arabe ,
Danger d’un nouvel holocauste .

Théo Klein revient sur la définition de communauté dans la tradition hébraïque : réunion d’au moins dix hommes pour entériner une décision. Toujours dans la lignée de la tradition, il réaffirme la "coresponsablilté" des juifs entre eux illustrée par l’existence des ghettos, et le rôle prépondérant des associations. Pour T. Klein l’état d’Israël représente une stabilisation pour les rescapés de la Shoah et les réfugiés Sépharades. Il comprend le lien ressenti pour Israël par les juifs de France. Pour T. Klein l’emploi du terme de communauté juive en France est un abus de langage. Il ne veut limiter l’emploi de ce mot qu’à sa stricte définition d’origine.

A.Grynberg souligne le spectre très large des associations juives (pas forcément religieuses). Le CRIF regroupe une soixantaine d’entre elles. D’autres (peu nombreuses) dénient au CRIF le droit de s’exprimer en leur nom. Le problème de la représentativité du CRIF est posé dans la mesure ou l’opinion publique pense qu’il parle au nom de tous les juifs de France. Quand Sarkozy s’exprime au dîner du CRIF, pour l’opinion il s’adresse à tous les juifs de France !

A une question sur le soutien inconditionnel du CRIF à l’état d’Israël, T.Klein répond qu’il existe une opposition démocratique au sein même d’Israël et que lui même, partisan d’un état Palestinien n’est pas toujours d’accord avec sa politique.

Pour H.laurens il y eut inversion d’image Shoah/nouvel état d’Israël en 67, illustrée en France par la déclaration de De Gaulle en novembre de cette année là.

Réponse de T.Klein : De Gaulle ne croyant pas à la défaite d’Israël, pensait qu’elle ne devait pas attaquer en premier. La réponse (vexée) est une critique de l’attitude politique du gouvernement israëlien, dont De Gaulle pensait qu’il ne saurait pas s’arrêter.

Pour Anne Grynberg, l’euphorie de la victoire a renforcé le lien Israël/Diaspora.

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Les associations de résistants et le conflit israëlo-palestinien (67-70)
Intervenants : Alya Aglan (Maître de conf. Paris Ouest), Gérard Khoury (Ecrivain, Historien)

Alya Aglan : Le protectorat anglais sur la Palestine a attisé les conflits entre arabes et juifs. Au départ du conflit de 67 les associations françaises d’anciens résistants apportent leur soutien à Israël. Seul le PCF apporte son soutien aux palestiniens. Nasser est rejeté par la presse française. Le spectre de Vichy hante les débats politiques et sociaux. En juin 67 "l’axe Kossyguine/Nasser" est dénoncé, ainsi qu’une suposée emprise du nazisme sur le gouvernement Egyptien. D’autres anciens résistants comme Claude Bourdet assimile le combat des palestiniens à la résistance française, il reconnait le fait patriotique palestinien. Ainsi on assiste à la mutation du terme de "résistant" d’un camp à l’autre. Les Israëliens furent "résistants" face aux anglais, puis les palestiniens face aux israëliens.

Pour Gérard Khoury, la résistance palestinienne a été piégée par ses dissensions internes comme en témoigne l’existence de nombreux groupuscules et la récurence de problèmes de communication contribuant au brouillage de l’image de cette résistance, sachant que le gouvernement Israëlien, par la voix de Ben Gourion assimile à ce moment les états arabes aux nazis.

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Jeudi 2 octobre

 La contribution au débat de figures majeures d’intellectuels français
Intervenants : Leyla Dakhli (historienne, Collège de France), H.Laurens (Pr au Collège de France), Farouk Mardam-Bey (écrivain, éditeur), G.Khoury (écrivain, historien), Magali Gustave (doctorante), G.M.Tamas (Philisophe, Académie des sciences de Hongrie)

Raymond Aron analyste du conflit israëlo-arabe (68-70), par H.Laurens :
R.Aron réagit à la conférence de presse de De Gaulle dans son livre « De Gaulle, Israël et les juifs » paru en 68. Il analyse la situation au proche orient dans une série d’articles parus dans Le Figaro de 67 à 70. Dans son analyse de la guerre froide, il met en évidence l’équilibre des forces comme équilibre de la terreur, avec au bout du compte le danger nucléaire. Pour lui, l’enjeu du conflit est le sol lui même, avec un rapport de forces défavorable pour les arabes. Il s’inquiète de l’activisme de l’URSS au proche orient. Prévoyant la guerre inévitable, il réfute la proposition gaulienne de négociations à quatre. Pour lui, le droit international ne joue pas dans cette affaire. Seul « l’état de nature » prédomine sur « l’état de droit ». A l’été 67, il considère, malgré son soutien à Israël que sa victoire n’en est pas une et que celle ci devrait agir avec modération. En juillet 67, il condamne la politique de De Gaulle, qui , selon lui est aveuglé par son obsession anti-américaine. Dans ce conflit passionnel, il rejette le projet d’un état pluri-ethnique et assimile au martyre de Sysiphe le thème de la sécurité absolue pour Israël. Il dénonce l’utilisation abusive de « peuple juif » par De Gaulle, qui selon lui apporte de l’eau au moulin du sionisme. Il pense qu’Israël risque d’être vaincu par sa propre victoire. Il est ulcéré par le second embargo français sur Israël en janvier 69. Il souligne le fait d’Israël piégée en cis-Jordanie et affiche un pessimisme radical.
R.Aron ne comprend pas la politique de De Gaulle, et malgré sa passion pro Israëlienne, il essaye d’en faire abstraction par une analyse objective de la situation géo-politique.


Sartre, Israël et les Arabes : la détermination affective, par F.Mardam-Bey :
On connait les postions anti-colonialistes de Sartre et sa réputation d’intellectuel libre, d’ou la déception de l’intelligentsia Arabe et son divorce d’avec Sartre après les signatures de celui-ci et de Simone de Beauvoir en faveur d’Israël au moment du conflit en 67. Dès 47 Sartre avait manifesté son soutien à un état palestinien (juif !) et sa solidarité avec le projet sioniste. Il semblerait que cette « détérmination affective » ait été dictée par une sorte de tyrannie des idées simples : un philosémitisme pour répondre à un antisémitisme récent, avec ses résurgences possibles. L’image du juif opprimé et résistant partout occulta la cause des arabes palestiniens. Au cours des années 50 aucun écrit de Sartre n’évoque le conflit. Se voulant aussi ami du monde Arabe, il a désapprouvé la campagne de Suez. Au cours de son voyage au moyen orient (18 jours en février/mars 67, il se montra très discret sur le problème palestinien.
Dans son éditorial des « temps modernes) du 27 mai 67, il accredite la thèse d’Israël sur un génocide programmé dont elle serait la victime. Au cours d’une démarche tortueuse et contradictoire, il donne à la fois raison aux actes terroristes arabes et à Israël qui les réprime.
En 72, après septembre noir, il refusera de condamner le massacre des jeux olympiques de Munich à l’encontre des athlètes Israëliens. Benny Levy, dirigeant de « la gauche prolétarienne » devient son secrétaire. Sur cette période de l’Histoire du Proche Orient, on retient le philosémitisme de Sartre, le reste disparaissant suivant les conjonctures. On remarquera l’absence de références à la culture arabe tout au long de son oeuvre et une absence de compréhension des arabes et des palestiniens.


Maxime Rodinson et la constitution du GRAPP (juin 1967) par Gérad Khoury :
Au départ du conflit Jean Daniel accuse M.Rodinson d’être le porte parole de la cause arabe contre Israël. G.Khoury cite le long article de M. Rodinson parut dans Le Monde du 5 juin 67 dans le quel il se reconnait le droit ainsi qu’aux juifs de la diaspora, de ne pas épouser les causes guerrières du gouvernement Israëlien et de prendre en compte les droits du peuple palestinien. M. Rodinson veut réagir contre la sacralisation de l’état d’Israël pour laquelle la tendance générale est d’en faire une apologie constante et multiforme dans une sorte de bonne conscience universelle. En juin 67 il fonde le Groupe de Recherche et d’Action pour le règlement du Problème Palestinien (GRAPP), pour lequel il définit les objectifs suivants :
- analyser les causes du conflit,
- rechercher des solutions d’ aménagements et de réparations pour les deux parties,
- communiquer et diffuser les résultats des recherches,
- appuyer toutes démarches publiques ou privées pouvant conduire à la résolution du conflit.
M.Rodinson reçoit l’appui de Léopold Senghor qui lui fait part du caractère politique et non ethnique ou religieux du conflit, rejoignant ainsi les positions de GermaineTillon.
Face à la pensée unilatérale de cette période, M.Rodinson reçoit de nombreuses critiques ainsi que des menaces physiques.


Pierre Vidal-Naquet et les prises de position d’un intellectuel «Français juif» entre «fidélité et trahison» par Magali Gustave :
P.Vidal-Naquet se présente comme historien des juifs pour la mémoire et le présent. Il est français de famille juive athée, sans renier ses origines et se réclame des valeurs républicaines. Il milita contre les guerres du Viet-Nam et d’Algérie. Quand éclate la guerre des six jours en 67, il ignore la question sioniste et palestinienne. La postion de P.Vidal-Naquet est qu’il se sent juif par le « regard de l’autre » (développé par Sartre dans « réflexions sur la question juive »). La guerre des six jours et ses élans de la rue réactive cette conscience un peu enfouie et des craintes de destruction sans fondement. Le 30 mai 67, il signe un texte dans Le Monde, cosigné par Sartre et des milliers d’autres signataires, qu’il regrettera par la suite. Il est partagé entre son anticolonialisme et le souci de défendre Israël menacée. Partagé entre un Robert Misrahi qui minimise le problème palestinien et M.Rodinson qui parle d’ »union sacrée de Rotshchild à Vidal-Naquet ». Arabophile pour certains, inconditionnel d’Israël pour d’autres, il prône la création d’un état palestinien, et une reconnaissance mutuelle. Il refuse l’idée messianique d’Israël et croit en l’échec du sionisme. Il est contre la colonisation de nouveaux territoires et pour l’évacuation des territoires occupés. Il soutient qu’être juif en diaspora ne signifie pas soutenir forcément l’état d’Israël.

Intervention de G.M.Tamas qui souligne le changement radical de l’image des juifs aux yeux du monde. Pour lui il y a un »avant » et un « après » la création d’Israël, un avant qui identifie les juifs au prolétariat, un après qui inclue les juifs au monde capitaliste (Israël est soutenue par les Etats Unis). Il évoque un problème ethnique au proche orient.

Parmi les questions évoquées, il y a celle du débat entre De Gaulle et R.Aron. Citation de De Gaulle sur R.Aron à cette époque : « Mr Aron est professeur au Figaro et journaliste au Collège de France ». On revient sur la définition du « philosémitisme » qui, pour un intervenant est un formalisme de la pensée comme l’était auparavent l’antisémitisme.

F.Margam-Bey revient sur les absences de références à la culture Arabe, aussi bien chez Sartre que chez S. de Beauvoir. Ceci est « loin d’être un crime », mais reste un mystère pour lui .

Pour H.Laurens, la rationalité chez Aron, l’affectivité ches les autres aboutissent au même résultat qui est le soutien à Israël à la quasi unanimité dans cette période de l’Histoire.

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Les militantismes et la cause palestinienne
à compléter (si possible)

La figure du palestinien dans l’extrême gauche française
à compléter (si possible)





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Mise à jour : 10.10.2008
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