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Compte rendu d'activité d'UAVJ depuis 2005
par Pascal Lederer, animateur du collectif UAVJ, 21-06-11


Depuis 2005, le collectif d’animation d’Une Autre Voix Juive a tenté de rester fidèle à l’engagement du manifeste Une Autre Voix Juive : « Faire entendre la voix de Français juifs ou d’origine juive attachés à l’universalité des droits humains et des droits des peuples ». Cet engagement a été pris dans le contexte du conflit du Proche Orient, ou l’identité juive était l’objet d’une tentative d’enrôlement, par les dirigeants d’Israël, ceux du CRIF et d’intellectuels médiatiques en France, au service d’une politique qui nie les droits nationaux du peuple palestinien. Dans ce même contexte se manifestaient  des formes anciennes et nouvelles d’antisémitisme, en liaison plus ou moins étroite avec les évènements du Proche Orient.

L’action spécifique d’UAVJ—forte de ses signataires-- a donc été d’intervenir dans  les controverses, les analyses débattues dans la société française  sur les évènements liés pour la plupart aux évènements du Proche Orient.
Cette intervention a eu lieu principalement par des textes, élaborés d’abord par le collectif d’animation, puis soumis à l’appréciation des signataires par courrier électronique. Le retour des appréciations, corrections, approbations ou critiques des signataires a permis d’adopter, de corriger, d’améliorer des textes, ou au contraire de les abandonner. Ensuite les textes ont été communiqués soit à l‘AFP (commuiqués courts) soit à différents journaux nationaux, avec des résultats variables en terme de publication. Si le Monde, Libération, Politis ont parfois—mais rarement—fait écho à notre expression (le Figaro encore plus rarement), l’Humanité a régulièrement publié l’intégralité des articles que nous lui soumettions.
    Par ailleurs, le collectif UAVJ s’est efforcé d’être présent lors des manifestations publiques démocratiques importantes sur le Moyen Orient, avec une banderole qui porte, au dessous de l’intitulé « Une Autre Voix Juive », le mot d’ordre : « Paix et Sécurité pour tous les Peuples du Proche Orient ».

Le mode de fonctionnement d’UAVJ est donc une sorte de démocratie directe, par consultation des signataires par courriel. Aucun texte n’a été publié avec la signature d’UAVJ qui n’ait pas reçu un soutien massif des signataires, un texte recevant moins de 85 % d’approbations étant en général considéré comme problématique et nécessitant une révision substantielle avant d’être diffusé, sinon abandonné.
Ce mode de fonctionnement a ses inconvénients et ses avantages.
Les inconvénients : 1) Tous les signataires ne nous ont pas communiqué d’adresse courriel. En 2005, sur 1050 signataires nous disposions de 850 adresses courriel. Environ 600 correspondants participaient, soit systématiquement, soit épisodiquement, aux discussions par courriel. En conséquence la marge d’erreur statistique sur les pourcentages d’exprimés était de l’ordre de 4%.
                                 2) Lorsque les signataires changent d’adresse courriel, il leur arrive fréquemment de ne pas nous en informer, et nous perdons le contact. C’est ainsi que depuis 2005 nous avons perdu environ 200 adresses  de signataires. La marge d’erreur statistique sur les pourcentages d’avis  est passée à 5%. L’ambition de renouer avec les « signataires perdus » et d’en gagner de nouveaux—avec leur adresse courriel-- a été un des motifs de l’organisation de cette réunion.
                                  3) L’initiative des signataires non membres du collectif d’animation n’est pas stimulée. Il arrive que des signataires nous écrivent pour suggérer telle ou telle prise de position collective, mais ce n’est pas très fréquent. Tout message  des signataires   est considéré comme précieux et stimule la réflexion du collectif.
                                   4) L’adhésion au manifeste UAVJ de nouveaux signataires n’est pas facilitée.
Or l’influence et la résonance de nos  prises de position dépend du nombre de ceux qui se reconnaissent dans son expression.
Les avantages :   La légèreté organisationnelle que permet internet, le choix de ne trancher les débats que si une très large majorité se dégage a permis aux bénévoles du collectif de maintenir, vaille que vaille, une activité et une expression qui ont enregistré des effets positifs indiscutables dans certains cas, qui seront détaillés plus loin. Si l’on considère les problèmes dus aux luttes de tendances, et les énergies dépensées dans les structures associatives, même de taille moindre, en luttes de personnes, la dépense d’énergie  pour l’organisation annuelle des AG statutaires, etc., la conclusion du collectif est que  les avantages l’ont emporté jusqu’à présent sur les inconvénients, grâce à la participation et à la fidélité des quelques 450 signataires qui correspondent avec le collectif, soit de manière épisodique, soit régulièrement, à chaque sollicitation.

Les textes d’UAVJ
Tous les textes d’UAVJ sont consultables sur le site http://uavj.free.fr. La plupart sont récapitulés ci-dessous.
Sauf lorsque la signature par UAVJ d’un texte provenant d’autres organisations  était évidente, tous les textes  répertoriés  plus bas  ont été soumis aux signataires, et approuvés par eux, à une très large majorité. Le dernier texte sur “l’Etat juif”  l’a été à environ 97%.

De 2005 à la guerre de Gaza
L’activité d’UAVJ se lit en grande partie sur la liste de ces textes: 2ème Intifada, appel de Sharon aux Juifs de France pour qu’ils émigrent en Israël, augmentation des actes antisémites, guerre du Liban, sabotage continuel des accords d’Oslo par les dirigeants israéliens, antisémitisme en France et  antisémitisme d’Etat en Iran, conférence d’Annapolis, arrestation par Israël des élus palestiniens, etc.: les occasions n’on pas manqué de faire entendre une voix juive différente de celle du CRIF et des dirigeants d’Israël.
En même temps, la désillusion croissant sur les perspectives de paix, le pessimisme gagnait l’opinion, la division palestinienne  nourrissant à la fois le repliement sur soi, ou des dérives “radicales” nourries par le désespoir.

UAVJ a participé régulièrement, comme observateur, aux réunions du Comité National pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestiniens (CNPJDPI) , dont la Charte (visible sur le site uavj) correspond à nos objectifs. Christian Picquet en assurait le secrétariat, avec Bernard Ravenel, jusqu’en 2007, et contribuait à maintenir une orientation rassembleuse. Cependant, après la guerre du Liban, un certain nombre  d’organisations, telles le CCIPPP et l’UJFP, ont tenté en 2007, compte tenu de la politique israélienne, d’en finir avec la visée d’une “paix juste et durable”, et de transformer le Collectif National en mouvement de soutien à la résistance palestinienne, en y incluant le Hezbollah et le Hamas. Une Autre Voix Juive a contribué à mettre ces propositions en difficulté au Collectif National, jusqu’à leur abandon, du moins en 2007.
Malheureusement, en 2008, Christian Picquet était désavoué par le NPA en tant que  son représentant au CNPJDPI et devait en quitter le secrétariat. Le NPA choisissait alors de renoncer à la perspective de deux Etats, à la légalité internationale et choisissait la visée d’un seul Etat “laïque, démocratique et socialiste “ au Proche-Orient. Sans secrétariat permanent, le CNPJDPI entamait une navigation en eaux turbulentes.

Depuis la guerre de Gaza
La guerre de Gaza ( l’opération “Plomb durci”) a posé, en tant que dégât collatéral, des problèmes nouveaux à l’expression d’un mouvement progressiste juif, acquis au soutien de la totalité des droits nationaux palestiniens, sans mise en cause  des droits du peuple israélien, et sans tolérance pour  “la moindre collusion avec ceux dont la sollicitude pour la Palestine n’a comme ressort que la haine des Juifs. “(manifeste UAVJ).
En effet, même si la colère contre Israël avait, hélas, de solides raisons,  les slogans encouragés par certains groupes au sein du CNPJDPI , validés par ce dernier malgré l’opposition d’UAVJ étaient inacceptables, et encourageaient l’identification de tout Juif avec la politique israélienne. Lors des manifestations contre l’agression israélienne , les slogans  “Israël, Etat criminel”, les pancartes établissant l’égalité entre étoile de David et croix gammée, ou même les cris de “Mort aux Juifs”, ont écarté nombre de citoyens—et parmi eux de nombreux Juifs-- accourus pour témoigner leur solidarité au peuple de Gaza, mais repoussés par les relents d’antisémitisme exprimés  dans les slogans des hauts parleurs.
    Dans le CNPJDPI, le représentant d’UAVJ se heurtait à des attitudes hostiles de la part de certains représentants de groupes soi-disant “pro-palestiniens”, malheureusement les plus actifs. L’attachement d’UAVJ au respect des droits nationaux de tous les peuples, y compris du peuple israélien était identifié par quelques groupes à un sionisme honteux, à une volonté hypocrite de dédouaner, de diminuer ou d’excuser les dirigeants israéliens.

    Les progressistes juifs, en particulier les signataires d’Une Autre Voix Juive, n’ont aucune excuse à présenter  aux militants pacifistes, en raison de leur identité juive, pour la politique menée en leur nom par les dirigeants israéliens. Ils combattent cette politique, au nom même de ce que le nazisme leur a enseigné sur l’inhumanité du racisme, du mépris des droits humains, et au nom du combat contre le colonialisme.

    UAVJ pense que  la question  de l’opinion des Français juifs revêt une importance considérable pour l’élargissement du mouvement populaire en faveur d’une paix juste et durable au Proche-Orient, sur la base de deux Etats. Une importance sans commune mesure avec l’importance numérique  très réduite de cette population. Cette importance est liée à la mémoire historique, consciente ou inconsciente,  du génocide, dans la société. La mémoire du génocide n’est pas un fardeau encombrant dont il faudrait se débarasser; elle est un patrimoine commun de l’humanité, dont l’entretien s’impose à tous.

    Notre tâche est de disputer au CRIF le terrain de  l’opinion, de briser la représentation fausse et  révoltante que veut donner le CRIF d’une opinion juive acquise à la politique d’occupation israélienne en Cisjordanie, et de blocus à Gaza. L’élargissement du mouvement démocratique de soutien aux droits nationaux palestiniens impose à tous de prendre en compte cette dimension du combat d’idées. C’est ce que comprennent en général fort bien les grandes organisations démocratiques membres du CNPJDPI: CGT, FSU, LDH, Mouvement de la Paix, EELV, PCF, MRAP, PG, GU, et d’autres organisations plus petites. Mais c’est une dimension, une complexité, qu’un petit nombre d’organisations de militants très actifs n’a jamais réussi à  prendre  en compte. Ces mêmes organisations  ont tenté de contrôler le secrétariat  du CNPJDPI et de l’entraîner sur l‘orientation  de la campagne  BDS Internationale, pour un boycott total d’Israël.

En Juin 2009, une quarantaine de groupes, parmi lesquels  le CCIPPP, Génération Palestine, l’UJFP et le NPA—tous représentés au sein du CNPJDPI-- lançaient l’opération BDS France comme détachement français de BDS Internationale. Ils tentaient d’entraîner l’ensemble des forces démocratiques représentées dans le CNPJDPI sur la position du boycott total d’Israël, au nom de l’analogie énoncée entre la situation au Proche Orient et celle qui prévalait en Afrique du Sud du temps de l’Apartheid. Omar Barghouti, un des animateurs principaux de BDS Internationale, déclarait  au congrès du NPA qu’Israël est un Etat illégitime; la solution juste et durable selon lui au conflit du Proche Orient est un seul Etat , laïque et democratique pour  deux peuples.

Or, si cette solution peut paraître à première vue satisfaisante, un examen un peu exigeant montre que les avantages qu’elle pourrait avoir aux yeux des démocrates sont illusoires. D’une part, elle ne correspond pas aux aspirations des deux peuples concernés, d’autre part elle fait fi des principes énoncés  par la Charte des Nations Unies, sauf évidemment si on dénie aux citoyens israéliens les droits découlant de  leur réalité nationale. Cette dernière est historiquement récente,  mais elle est indiscutable, comme la réalité nationale palestinienne, elle même de constitution historique récente. La réalité nationale israélienne n’a rien à voir avec l’existence ou non d’un “peuple juif”, dont on sait depuis les travaux récents d’historiens israéliens, que c’est ausi une construction idéologique récente, et une réalité discutable, qui de toutes façons ne se confond pas avec l’Etat d’Israël.

   Acquise à l’idée de sanctions contre la politique israélienne, pour lesquelles nous interpellons l’Union Européenne, mais considérant que le boycott devait viser avant tout les produits des colonies, comme le réclament publiquement  les représentatnts légitimes du peuple palestinien, UAVJ a considéré que l’initiative BDS France constituait une rupture avec les principes démocratiques  énoncés dans la Charte du CNPJDPI. Nous avons joué un rôle non négligeable, au prix d’un investissement militant parfois difficile—tant était forte l’hostilité tacite ou explicite  de divers groupes d’activistes, avec malheureusement le syndicat SUD parmi eux—à l’égard d’UAVJ au sein du CNPJDPI. Mais le poids des organisations nationales démocratiques, alertées par UAVJ,  l’a emporté. En octobre 2009, une réunion plénière du CNPJDPI affirmait l’attachement de ce dernier à sa Charte, fondée sur la recherche d’une solution à deux Etats et le respect de la légalité internationale. Une initiative de sanctions –malheureusement intitulée elle aussi BDS (mais pas BDS France)—était lancée, sur la base d’un tract de quatre pages qui a fait l’objet dâpres négociations jusqu’à sa sortie.

    Cette bataille a absorbé beaucoup d’énergie d’UAVJ, sans être clairement perçue par les signataires, auxquels il n’était pas possible de transmettre le détail des péripéties. Le collectif pense que son rôle, qui avait été important en 2003 pour contrer les prétentions du CRIF, et de personnalités médiatiques comme BHL Finkielkraut et Cie, à représenter l’opinion juive dans son ensemble, et à faire émerger une opinion juive progressiste, l’a été aussi pour prévenir une déviation sectaire et extrémiste du mouvement de soutien à une paix juste et durable qui l’aurait marginalisé pour longtemps.

Notre entrevue récente avec son Excellence l’ambassadeur de Palestine Hael Al Fahoum, dont nous avons rendu compte aux signataires, nous a  conforté dans nos analyses et notre action. De même l’accord récent Fatah-Hamas réduit à peu de choses les analyses de l’UJFP, du NPA, du CCIPPP , de Génération Palestine et d’autres groupes dits”radicaux”, pour qui seul le Hamas et ses roquettes représenteraient la seule opposition véritable à l’occupation israélienne, l’Autorité palestinienne étant acquise, selon eux, à une honteuse collaboration avec l’occupant.

Le dernier texte d’UAVJ, une lettre envoyée aux ministres des Affaires Etrangères français, allemand et à la Représentatnte pour les Affaires Etrangères de l’Union Européenne, a eu un effet  non négligeable dans un contexte ou la pression des dirigeants israéliens sur les dirigeants européens pour la reconnaissance de l’Etat d’Israël comme “Etat juif” est forte, et entraîne des hésitations dangereuses parmi les dirigeants européens, notamment en Allemagne et en France. UAVJ souhaite que d’autres organisations juives s’adressent le plus rapidement possible à nos dirigeants pour exprimer leur refus de cette reconnaissance qui les concerne directement en tant que citoyens français et européens, sans parler des dangers que cette reconnaissance impliquerait pour les Israéliens non Juifs, ou pour les Juifs d’autres parties du monde.

En conclusion, l’analyse du Collectif d’animation d’UAVJ est que la situation au Proche Orient appelle plus que jamais, tant pour l’élargissement du mouvement démocratique de soutien aux droits nationaux palestiniens, que pour la lutte contre toute manifestation d’antisémitisme dans la société française, et plus largement pour la mise en oeuvre de l’intégralité des droits humains  reste nécessaire et indispensable. Toutes les bonnes volontés pour aider à mener ce combat sont bienvenues.
L’apport de nouvelles contributions pourraient nous permettre, en particulier, d’exprimer  mieux et  plus souvent, face au CRIF, un courant d’idées progressiste différent et important parmi les Français juifs ou d’origine juive.




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Mise à jour : 29.11.2011
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