Une
Autre
Voix
Juive
|
Activités
Bilan et perspectives,
texte pour la
réunion UAVJ du 16 avril 2005
Bilan
Avant
de commencer cette réunion, nous adressons nos
pensées
chaleureuses à Robert Scemla, tenu
éloigné de nous
par la maladie. Nous lui souhaitons tout le courage possible dans son
combat contre la maladie. Il y a un an, Léon
Lévy,
héros de la résistance, apportait ici un soutien
émouvant à Une autre voix juive, de
même qu'Yves
Haguenauer. Tous deux sont morts il y a quelques mois. Ils nous
manquent, et ils nous manquent pour la suite notre action.
En
avril
2004, nous avions constaté qu'Une autre voix juive avait
conquis
une place spécifique dans le débat public sur le
conflit
du proche orient, et sur ses retombées politiques,
idéologiques en France. Lors de son émission
hebdomadaire
du samedi sur France Culture, Finkielkraut, peu suspect de sympathie
à notre égard, a reconnu en octobre dernier
l'existence
de ce courant d'idées, différent de celui
qu'exprime le
judaïsme organisé au sein du CRIF et des radio
juives. La
reconnaissance de l'existence de ce courant politique progressiste
parmi les citoyens français juifs est évidemment
un
succès de notre initiative.
Il
y a un
an, le collectif d'animation avait reçu mission de
consolider
l'expression de ce courant. Il s'agissait de le faire
connaître
de l'opinion publique, juive ou non, et des forces politiques
organisées, impliquées à divers titres
dans les
batailles politiques liées à la politique
française au proche orient. La question du
développement
des violences antisémites, et racistes avait
reçue une
attention accrue. L'objectif avait été
formulé de
disputer aux institutions juives officielles leur part d'influence
parmi les citoyens français juifs, pour amener ces derniers
à soutenir une solution pacifique démocratique,
respectueuse des droits des peuples au proche orient. Cet objectif
impliquait une prise en compte des contradictions au sein du
judaïsme organisé, avec un soutien aux forces
progressistes
qui y existent, plutôt qu'une mise en cause
unilatérale et
sans nuance du CRIF. Il s'agissait, si possible de contribuer
à
isoler la direction pro-Likoud, et à faire changer le CRIF
d'orientation.
Les
moyens évoqués pour réaliser ces
objectifs
étaient ceux de la lutte politique et
idéologique:
expression dans les media, collecte de signatures, participation
à des actions publiques, expression visant les partis
politiques, pour une meilleure prise en compte de notre
sensibilité par les autorités de la
République.
Un
an
après, nous avons enregistré quelques
succès, et
constaté certaines limitations. Parmi les succès,
la
rédaction d'un manifeste UAVJ-2004 actualisé,
approuvé par plus de 97 % des signataires du manifeste 2003,
nous a permis de faire publier ce texte, le 28/09/2004, sous une
signature collective, dans la page Opinions-débats du Monde,
de
façon non onéreuse, pour la première
fois dans la
presse nationale en dehors de l'Humanité. Cette parution, en
septembre 2004, a suscité réponses critiques et
défenses du manifeste pendant plusieurs jours dans les
tribunes
libres du Monde. Elle a aussi valu une centaine de signatures
supplémentaires au manifeste. Le nombre de signatures
dépasse maintenant environ 1050.
Parmi
les
actions qui ont eu une certaine répercussion, la diffusion
de
notre manifeste auprès de tous les
députés a
certainement eu une influence notable parmi les forces politiques
françaises. Mireille Mendès France, Richard
Markovitch et
des volontaires signataires d'UAVJ ont eu une part importante dans la
réalisation matérielle de cette initiative.
Plusieurs
députés ont écrit aux animateurs pour
exprimer
leur soutien à notre texte. Frédéric
Duthoit,
député-maire PCF d'un arrondissement de Marseille
a
demandé à rencontrer le collectif d'animation. La
rencontre, avec Richard Markovitch et Pascal Lederer, a eu lieu
à l'Assemblée Nationale, avec une
écoute et une
sympathie certaine de la part du député. Marc
Ayrault,
responsable du groupe PS à l'Assemblée Nationale,
a
également écrit une lettre au collectif pour
exprimer son
soutien, en rappelant les positions connues du PS sur le conflit du
proche orient.
Le
collectif a écrit aux responsables des affaires
étrangères de plusieurs partis politiques, pour
leur
faire part des positions des signataires sur le conflit du proche
orient, et marquer notre désaccord avec la tentative de la
direction du CRIF d'enrôler l'opinion française
juive
derrière Sharon. Ont été
sollicités: l'UDF,
l'UMP, le PS, les Verts, le PCF et la LCR. Nous avons aussi
sollicité une entrevue auprès de D. de Villepin,
Michel
Barnier, Jean-Louis Debré, Nicolas Sarkozy. (Une entrevue
avec
M. Poncelet, président du Sénat avait
été
obtenue en juin 2003, conjointement avec l'UJFP).
Nous
avons été reçus le 26/10/2004 par le
responsable
de l'UMP, qui ne souhaite pas que l'on mentionne son nom, mais qui a
accepté de publier un court communiqué commun
UMP/UAVJ
sur la rencontre, au cours de laquelle il a
considéré
comme irréaliste l'idée d'une force
d'interposition
internationale en Palestine, sous l'autorité de l'ONU. La
délégation d'UAVJ était
composée de Marc
Sackur, Suzanne Citron, Robert Scemla, Doucha Belgrave et Pascal
Lederer.
Nous
avons été reçus le 10/11/2004 par M.
Jean Louis
Debré, président de l'Assemblée
Nationale, de
façon indiscutablement chaleureuse, avec émission
d'un
communiqué commun. La délégation
comprenait
Maurice Cling, Michelle Zemor et Pascal Lederer.
Marie
George Buffet , secrétaire nationale du PCF,
assistée de
Jacques Fath, Roland Wlos (signataire d'UAVJ) et d'un membre de la
direction nationale du PCF a tenu à recevoir en personne, le
2/11/2004, la délégation d'UAVJ, qui a
été
impressionnée par la volonté évidente
de la
direction du PCF de soutenir nos objectifs et notre action. La
délégation d'UAVJ comprenait Marc Sackur, Maya
Vigier,
Robert Scemla et Pascal Lederer. Un communiqué commun
PCF/UAVJ a
été émis.
Après
plusieurs péripétie, une
délégation d'UAVJ
(Suzanne Citron, Marc Sackur, Robert Scemla et Pascal Lederer) a
été reçue le 23/12/2004 par Pierre
Moscovici,
responsable national du PS aux affaires
étrangères. Tout
en marquant un accord assez complet avec les positions d'UAVJ, Pierre
Moscovici a indiqué que c'était à UAVJ
d'assurer
son rayonnement. P. Moscovici considère que le PS n'a pas
à contribuer à ce rayonnement. Refusé
en octobre,
un communiqué commun PS/UAVJ a été
émis en
décembre
Mme
Sophie Bège, chargée de mission à
l'UDF, a
reçu une délégation
composée de Suzanne
Citron, Marc Sackur et Pascal Lederer. Charmante, Mme Bège a
manifesté une évidente curiosité pour
une
problématique nouvelle pour elle, et a promis de transmettre
une
demande d'entrevue à François Bayrou. Cette
promesse a
été tenue, puisque François Bayrou
recevra une
délégation d'UAVJ le 7 juin prochain.
Malgré
plusieurs relances, UAVJ n'a reçu de réponse ni
des Verts
ni de la LCR, que nous n'avons donc pas (encore?) rencontrés.
Ni
Dominique de Villepin, ministre del'Intérieur, ni Michel
Barnier, ministre des Affaires Etrangères, n'ont
répondu
à notre demande d'entrevue.
Nicolas
Sarkozy, président de l'UMP, a écrit une lettre
indiquant
qu'il était trop occupé pour nous recevoir ces
temps ci,
mais que l'entrevue aurait peut-être lieu un jour.
Je
rappelle le refus ancien, et réaffirmé, de
Bertand
Delanoé de recevoir une délégation
d'UAVJ. Refus
motivé par ses trop nombreuses occupations, et
accompagné, verbalement, d'une appréciation sur
"l'importance de notre action, qu'il faut continuer".
Une
entrevue a eu lieu à notre demande avec Mouloud Aounit et la
direction du MRAP (Liliane Benarrosh) en juin 2004 pour discuter de
l'action et de l'expression du MRAP sur la montée des
violences
antisémites et du racisme anti-arabe. A la suite du sabotage
par
SOS-Racisme, aidé du CRIF et de diverses autres forces, de
la
manifestation contre l'antisémitisme et tous les racismes
proposée par le MRAP et la LDH en juin 2004, UAVJ, qui a
fait
part à Mouloud Aounit de ses critiques sur l'expression du
MRAP,
pensant avoir été entendue, a publié
un
communiqué commun appelant à l'organisation d'une
grande
manifestation unitaire contre l'antisémitisme et tous les
racismes à la rentrée 2004. Comme on sait, cette
manifestation a été sabotée de nouveau
par les
mêmes, pour des motifs divers, dont le plus efficace a
été que l'U.O.I.F., parmi plus de 70
organisations
démocratiques, soutenait le texte d'appel de la manif. Le
problème des rapports des forces démocratiques
avec des
organisations religieuses proches de l'islam politique continue et
continuera de diviser les forces progressistes. Nous pensons qu'il
faut, à la fois, refuser toute intolérance
sectaire
à l'égard de l'islam, et que notre critique de
l'islam
politique doit être vigilante et sans failles.
A
sa
demande, et à la suite de la publication par
Libération
d'un article signé d'Olivier Gebuhrer et Pascal Lederer
(approuvé par une large majorité de signatires
d'UAVJ)
("Prendre en compte toute la complexité du
problème du
proche orient") une délégation d'UAVJ a
rencontré
Christian Picquet, en tant qu'animateur du "Collectif national pour une
paix juste et durable entre Palestiniens et Israeliens", en octobre,
pour faire part de notre préoccupation devant des
dérapages des actions menées par la mouvance de
soutien
aux droits nationaux palestiniens. Dans la dernière
période, les perspectives d'une paix
négociée,
dans l'esprit de l'accord de Genève ou des discussions de
Taba,
et l'existence de forces de paix israéliennes significatives
semblaient avoir disparu des mots d'ordre de l'AFPS et du collectif
national des ONG pour la Palestine.
Il
semble
que ns préoccupations aient été
comprises.
Toutes
ces initiatives ont eu des effets visibles et invisibles.
Malheureusement, l'AFP n'a jamais repris nos communiqués, la
journaliste responsable jugeant qu'ils n'apportaient rien de nouveau
(!).
Parmi
les
effets visibles, l'invitation lancée au collectif UAVJ de
participer à une Assemblée publique à
Aubervilliers avant les élections européennes,
avec
Francis Würtz, Leïla Shahid, Mouloud Aounit, et
d'autres
personnalités, pour appuyer l'appel lancé par
Leïla
Shahid aux militants de la liste Euro-Palestine afin qu'ils renoncent
à leur entreprise de division. Autre conséquence
visible:
l'invitation à UAVJ de prendre la parole lors du lancement
de la
campagne du PCF "Faisons tomber les murs" (février 2005).
Le
collectif a considéré que cette initiative
correspondait
bien aux objectifs d'UAVJ, qui cherchait à
définir des
initiatives pour combattre un attentisme dangereux
consécutif
à la mort d'Arafat et aux illusions sur la
volonté de
paix d'Israël. Lors de cette initiative, le texte de
l'allocution
prononcée par Olivier Gebuhrer, discuté avec de
multiples
allers retours par le collectif d'animation, a donné lieu
par la
suite à un débat parmi les signataires d'UAVJ.
Cette
allocution a fait l'objet d'une approbation très large , en
même temps que de critiques de natures diverses ; pour
éviter toute polémique absurde entre nous, il a
été décidé de ne pas le
publier sous la
signature collective d'UAVJ.
Un
autre
texte signé d'Olivier Gebuhrer et Pascal Lederer , et qui
donc
n'engage que ses signataires, doit paraître ces jours ci dans
un
numéro spécial de la revue de l'IRIS (Institut de
Recherches Internationales Stratégiques, dirigé
par
Pascal Boniface). Ce numéro spécial qui fait
appel
à contributions de divers spécialistes du proche
orient
est consacré à tous les aspects du conflit, et
à
ses retombées politiques en France.
Que
Pascal Boniface soit remercié pour cette
possibilité
offerte à des initiateurs du manifeste de s'exprimer dans
cette
importante publication. Il s'agit là encore, de
façon
indirecte, d'une reconnaissance du statut acquis par UAVJ dans le
débat politique contemporain.
Une
autre
suite visible de nos initiatives est le lieu, hautement symbolique, ou
nous organisons le débat d'Une autre voix juive aujourd'hui.
La
mise à notre disposition d'une salle de
l'Assemblée
Nationale, grâce aux efforts de Mireille Mendès
France,
attachée de Patrick Braouzec,
député-maire PCF de
Seine Saint Denis n'aurait certainement pa pu être possible
si
UAVJ n'avait conquis une place reconnue parmi les forces
démocratiques attachées à un
règlement
pacifique, démocratique, juste et durable au conflit du
proche
orient. Cette salle, mise à notre disposition gratuitement,
représente à la fois une reconnaissance de notre
rôle, et un moyen important de débat entre nous,
mais
aussi une aide matérielle considérable, car nos
finances
ne nous auraient pas permis une initiative de ce genre dans un lieu
payant. Que Mireille Mendès France et Patrick Braouzec en
soient
remerciés. Nous remercions aussi Florence Hayes qui consacre
sa
journée à notre réunion, prise sur son
temps libre.
Il
va
sans dire que chacun peut tirer les conclusions qu'il veut des aides
concrètes qui nous ont été
apportées par
telle ou telle force politique. La diversité d'opinions
politiques, de choix idéologiques ou religieux parmi les
signataires d'UAVJ doit être préservée
et
respectée. Avec notre accord sur le manifeste UAVJ, elle
fait
notre force. Nous ne sommes l'émanation d'aucune force
politique, bien que certains, pour nous affaiblir, ne manquent pas de
chercher à nous attribuer des étiquettes
politiques. Nous
accueillerons toutes les aides politiques et matérielles qui
nous permettrons de faire connaître nos idées et
notre
existence à l'opinion publique juive ou non, en continuant
à développer nos analyses et nos actions dans la
plus
totale indépendance.
Parmi nos problèmes
, trois
points nous ont freiné dans notre développement
au cours
de l'année écoulée:
- 1.
Par suite d'une fausse manoeuvre, l'ouverture d'un compte en banque
permettant la collecte de fonds pour publier le manifeste dans la
presse a été retardée de plus d'un an,
ce qui nous
a handicappé dans nos efforts de communication
écrite.
L'objectif de publier le manifeste, ou un résumé
significatif, dans la presse régionale, par exemple
Ouest-France, la Provence, ou le Progrès exige des fonds
bien
supérieurs à ceux dont nous disposons
actuellement. Or la
publication du manifeste dans la presse a été
jusqu'à maintenant le moyen de loin le plus efficace pour
nous
faire connaître de l'opinion publique, et pour nous renforcer
en
recevant des signatures nouvelles.
Ce
point noir est désormais effacé, et notre compte
en
banque, nous permet désormais de collecter
légalement des
fonds pour diffuser nos idées.(Chèques
libellés
à l'ordre de " Soutien Autre Voix ", à envoyer
à
P. Lederer, poste restante, Paris-Denfert Rochereau, 75014-Paris).
- 2.
Les difficultés du site Web d'Une autre voix juive,
sinistré pendant de longs mois pour des raisons techniques,
a
été abandonné par ceux qui
souhaitaient participer
à des discussions sur le forum. Un effort a
été
fait pour reconstruire un site plus maniable et plus fonctionnel, tout
en gardant le site original comme une des pages du nouveau. Cet effort
est maintenant abouti, notamment grâce à Claire
Panijel
qui a accepté la responsabilité d'animer ce
nouveau site.
Diverses
questions de nature technique restent à régler
dont le
problème de l'adressage afin de ne pas instaurer de
confusion
entre le nouveau site et l'ancien d'une part, d'autre part sur le
rôle respectif du nouveau site et de l'ancien
étant
entendu que UAVJ n'a et ne peut avoir qu'un seul site Web , une seule
adresse Web. Ces questions devraient facilement être
réglées au cours des semaines qui viennent.
- 3.
La conséquence de ces difficultés est que depuis
octobre
2004 (après la publication du manifeste fin septembre dans
le
Monde), l'afflux de signatures nouvelles a pratiquement
cessé.
Or notre objectif est beaucoup plus ambitieux que les 1050 signatures
actuelles. Il ne nous semble pas déraisonnable de viser au
minimum le doublement du nombre de signataires. Notre influence
dépend directement du nombre et de la qualité de
nos
signataires. Cela passe par la publication de nos textes dans la presse
régionale, au moindre coût, mais probablement
à
chaque fois en publicité payante. Pratiquement aucune des
tentatives menées-- à quelques exceptions
près--
par des signataires en province, n'a abouti à une
publication du
manifeste, ou d'extraits significatifs, dans les grands journaux de
province. Il ya là tout un terrain à
défricher, et
qui demande des moyens financiers accrus.
Une
autre
voix juive doit elle continuer à s'exprimer et à
tenter
d'élargir son influence? Si l'on pouvait en douter, le
récent dîner du CRIF, auquel assistaient 16
ministres du
gouvernement français, devrait au contraire nous en
persuader.
Au cours de ce dîner, le président du CRIF M.
Cukierman ,
a développé l'idée que la politique
française au proche orient était incompatible
avec la
lutte contre l'antisémitisme en France.
Cette
tentative renouvelée d'enrôler les citoyens juifs
de ce
pays dans un soutien actif à la politique
israélienne est
inacceptable, abusive, insupportable. Elle tourne dos aux valeurs
humanistes et démocratiques qui devraient fonder
l'activité du CRIF. Elle est lourde de danger pour la
sécurité et le bien être des citoyens
juifs de ce
pays. Plus que jamais, nous devons faire entendre notre voix,
contribuer au rassemblement des foces démocratiques qui
luttent
pour une paix négociée juste durable garantissant
les
droits et la sécurité de tous les peuples du
proche
orient.
Perspectives
S'il
est
vrai qu'UAVJ n'a pas épuisé son rôle et
son
utilité, il est aussi évident qu'ils
dépendent de
l'évolution des choses au proche orient, de
l'évolution
de l'opinion publique en France, et de la détermination des
démocrates, notamment d e celle du courant d'oinion juive
que
nous représentons. Or la politique que semble vouloir mener
le
gouvernement israélien actuel ne laisse pas beaucoup de
place au
doute: la dernière rencontre avec Bush montre que le
gouvernement actuel, s'il persiste dans sa volonté
d'évacuer Gaza, n'a aucunement l'intention d'engager des
négociations honnêtes et sérieuses avec
le
gouvernemùent palestinien pour arriver à une paix
négociée respectant les droits et assurant la
sécurité de chaque peuple. La perspective de
Sharon
semble bien être celle décrite par Dov Weissglass,
pour
qui l'évacuation de Gaza permettait de geler le processus de
paix, et de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie. Les projets
de constructions et d'implantations nouvelles l'attestent, ainsi que la
répétition des exigences de Sharon
auprès du
gouvernement palestinien, comme conditions préalables
à
toute négociations. Certes, Mahmoud Abbas a obtenu une
trêve des organisations qui pratiquent les attentats contre
des
civils en Israël, ouvrant enfin la voie à une
résistance démocratique de masse à la
continuation
de l'occupation. Une telle résistance serait sans doute
incomparablement supérieure en efficacité aux
pratiques
minoritaires d'actes terroristes contre des civils qui
déconsidèrent la lutte pour les droits nationaux
palestiniens et paralysent ceux qui luttent pour une paix juste et
durable. Mais chacun sent bien que le cycle infernal des provocations,
des attentats ne fait que retenir son souffle, et que le temps des
massacres peut revenir, si un véritable esprit de
négociation ne prévaut pas du
côté
israélien.
Si
cette
annalyse est juste, nos perspectives sont celles d'une bataille pour l'
élargissement de notre influence, notamment du nombre de nos
signataires, pour développer une solidarité plus
active
avec les forces de paix israéliennes et palestiniennes.
Notre
perspectives est de soutenir tous ceux qui agissent pour une
négociation respectueuse des droits fondamentaux de chacun
et
des besoins de sécurité de tous.
Dans
notre action, nous avons naturellement des alliés parmi les
forces qui en France luttent pour le respect des droits nationaux
palestiniens. Des actions communes sont possibles et souhaitables;
D'ailleurs, nous avons un statut d'observateur dans le Collectif des
ONG pour la Palestine. Mais en même temps, nous nous
refusons, et
nous nous refuserons, à faire le moindre
millimètre de
chemin commun avec des forces qui, de près ou de loin,
tolèrent la moindre proximité avec ceux dont
l'amour pour
la Palestine n'est que le masque commode d'un antisémitisme.
Ceux là se croient enfin légitimés par
l'action du
gouvernement d'Israël. Nous ne pouvons nous
résigner
à travailler avec des groupes ou des individus qui ne
veulent ou
ne peuvent prendre en compte toute la complexité historique
et
symbolique du conflit du proche orient. Certains, en vertu d'un
humanisme à géométrie variable sont
prêts,
au nom de la solidarité avec le peuple palestinien,
à des
compromissions avec des révisionnistes, ou à
oublier les
leçons que nous ont apprises les luttes contre le nazisme.
Or,
nous
le savons, la France n'est pas submergée par la vague
d'antisémitisme que veut décrire la droite
pro-israélienne aux USA ou en France. Mais les interdits qui
paralysaient la parole et la violence antisémite sont
levés. Les actes et les violences antisémites ont
augmenté d'un facteur mille depuis quinze ans, et
particulièrement depuis la deuxième intifada.
Dans le
même temps, les incendiaires qui voient dans tout
Français
d'origine maghrébine, ou dans tout musulman, un terroriste
islamiste, favorisent la montée des violences
anti-immigrés, des discriminations de toutes sortes , au
logement, à l'embauche, etc..La montée de
discours
communautaristes, isolant les différentes
catégories
victimes du racisme, est une menace pour les forces
démocratiques dont Une autre voix juive fait partie. Nous
devons
inscrire notre participation aux luttes contre
l'antisémitisme
dans la lutte générale contre tous les racismes,
et
refuser d'isoler, dans le débat public, la prise en compte
des
conséquences historiques du génocide de celles du
colonialisme, de l'esclavage ou des discriminations
spécifiques
subie par les femmes.
Les objectifs que nous proposons
aux
signataires d'Une autre voix juive, à leurs amis, et au
collectif d'animation sont donc:
- Poursuite
de la diffusion du manifeste Une autre voix juive, mis à
jour,
notamment dans la presse régionale. Cette effort de
communication, qui passe par l'achat d'espace de publicité
dans
différents journaux, demande un effort financier accru
à
tous, signataires, amis, et sympathisants. Le collectif d'animation
exercera un contrôle rigoureux de l'utilisation des fonds
collectés.
- Poursuite
des
contacts avec les associations, partis et responsables politiques, pour
faire connaître notre existence et nos analyses. Nous
demandons
que les
autorités de la République prennent en compte
l'existence
de notre
courant d'opinion parmi les citoyens français juifs, au lieu
d'un
dialogue exclusif et abusif avec le seul CRIF.
- La
ré-activation du site Uneautrevoixjuive.com comme lieu de
débat et
d'élaboration collective de documents de notre courant
d'idées. Le site
est désormais rénové, et le forum
fonctionne, sous
l'ancienne adresse
(www.uneautrevoixjuive.com), comme sous l'adresse
<http://uavj.free.fr>
- Autres
objectifs à formuler par le collectif à la suite
des
débats du 16 avril
Texte
de Pascal
Lederer
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