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Activités
Compte rendu d'une
rencontre avec
Mahmoud Abbas, 17-10-05
Le
lundi 17 octobre, Mme Leïla Shahid organisait un
dîner en
l'honneur du président Mahmoud Abbas, à
l'occasion de son
passage à Paris. Mahmoud Abbas avait
rencontré
Chirac dans la journée, et devait le lendemain se rendre en
Espagne puis aux USA pour rencontrer George W Bush.
Leila Shahid avait invité, parmi une centaine d'autres
personnes
(personnalités politiques, représentants
d'association,
militants, etc.) deux membres du collectif d'animation UAVJ, Marianne
Wolff et Pascal Lederer (MW est aussi responsable de Rencontres
Progressistes Juives). D'autres signataires d'UAVJ, invités
à divers titres à cette rencontre
étaient
d'ailleurs présents.
A
l'occasion de cette rencontre, Mahmoud Abbas a
répondu à diverses questions.
Pierre Mauroy, comme d'ailleurs Hubert Védrine ou
Hervé
de Charette ayant posé des questions sur l'avenir des
relations
israélo-arabes, Mahmoud Abbas a
réaffirmé son
orientation en faveur d'une voix pacifique pour la conquête
des
droits nationaux palestiniens. Il a réaffirmé la
légitimité du souci israélien de paix
et de
sécurité, comme la
légitimité des
revendications nationales palestiniennes.
Mahmoud Abbas a indiqué qu'après le grand
succès
qu'avait été l'évacuation de Gaza
(évacuation que les forces palestiniennes ont
décidé de laisser se dérouler dans le
calme), il
fallait obtenir le désarmement des groupes armés
à
Gaza, puis la réalisation des élections
législatives prévues en janvier sur
l’ensemble du
territoire.
Les territoires libérés par le
départ des
colons de Gaza seront utilisés pour des infrastructures
d'intérêt général (hopitaux,
écoles,
universités, bâtiments divers, etc.) pour le
peuple
palestinien. Il n'y aura pas redistribution des terres
abandonnées par les 8000 colons (30 % de la superficie de
Gaza)
à des individus parmi le million de Palestiniens de Gaza.
"L'évacuation de Gaza ne saurait être un point
final, mais
une étape dans le processus menant à une paix
durable
entre Israéliens et Palestiniens.Cela passe par une
négociation pour la mise en oeuvre de la feuille de route,
dans
laquelle l'Europe doit jouer son rôle. L'Europe ne peut se
substituer aux USA, mais elle doit collaborer activement avec les USA,
la Russie et l'ONU pour la mise en oeuvre de la feuille de route.
L'appui de la France et de l'Union européenne est
nécessaire pour que l'évacuation de Gaza soit une
étape vers une paix durable, pas un point final. " L'appui
économique de le France et de l'Europe est aussi
souhaité.
Après une intervention de Richard Wagman, assurant Mahmoud
Abbas
qu'un courant significatif de Français juifs ne se reconnait
pas
dans les positions du CRIF et soutient la cause conjointe des droits
nationaux palestinien et israélien, Mahmoud Abbas a
indiqué que son gouvernement considère que le
conflit est
entre une puissance occupante et un peuple occupé, pas un
conflit religieux pas un conflit entre musulmans et juifs. Il indique
que lui-même a toujours oeuvré personellement en
ce sens.
Interrogé sur la position de Bush, Mahmoud Abbas a
déclaré que Bush avait trouvé
inacceptable le
tracé du mur, qu'il rendait impossible la construction d'un
Etat
palestinien viable, indépendant, avec continuité
territoriale. Cette construction est, d'après
Bush,
l'objectif de la politique US. Mahmoud Abbas a
déclaré
qu'il souhaitait que ces paroles soient suivies d'effet sur le terrain,
ce qui n’a pas été le cas
jusqu’à présent,
qu'il allait aux USA pour demander cela au président Bush.
Mahmoud Abbas a déclaré à
Bush que ce mur
n'était pas acceptable. "Ce n'est pas un mur pour la paix,
c'est
un mur de séparation, un mur d'apartheid, inutile du point
de
vue de la sécurité d'Israël, et
catastrophique pour
la Palestine. Mais si les Israéliens pensent que ce mur est
indispensable à leur sécurité, qu'ils
le
construisent sur leur territoire."
Interrogé sur le problème des
réfugiés au
Liban, Mahmoud Abbas a indiqué qu'il était
inacceptable
de refuser d'améliorer la situation des
réfugués
au Liban, au motif que cela risquait de pérenniser leur
situation de réfugiés. Le problème des
réfugiés doit être
réglé de
façon négociée, sur la base de la
résolution 194 de l'Assemblée
générale de
l'ONU, mais ce principe ne doit pas empêcher
d'améliorer
la situation des réfugiés dans les camps du
Liban. Par
ailleurs, il a précisé que les
réfugiés
palestiniens au Liban étaient les hôtes du Liban,
qu'ils
respectaient la souveraineté et les lois du Liban.
Interrogé par Bernard Ravenel (animateur du collectif
national
d'ONG pour la Palestine), Mahmoud Abbas n'a pas repris
l'idée de
suspension de l'accord d'association UE/Israël. Il n'a pas non
plus parlé de boycott.
L'ensemble des participants a rendu un hommage chaleureux à
Leila Shahid, qui va quitter son poste à Paris pour
représenter la Palestine auprès de
l’Union
européennne à Bruxelles.
Compte
rendu
établi par Pascal
Lederer et Maya Vigier
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