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Après Gaza


UAVJ, 04-09-09
Texte  amendé et approuvé massivement par les signataires du manifeste
(Texte imprimable en PDF)
(proposé en version courte à la presse pour favoriser sa publication)


La brutalité  de l’attaque israélienne sur Gaza pose en termes nouveaux la question de la lutte pour une paix juste et durable au Proche Orient. Les crimes, les violations des lois internationales s’accumulent, comme   les  condamnations internationales ignorées par les gouvernements  israéliens:  beaucoup s’interrogent sur  les actions que peuvent mener les démocrates pour contribuer  à  établir au Proche Orient une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens.

Dans un contexte de condamnation massive légitime, par l’opinion publique, de la politique israélienne de déni du droit, on entend  s’exprimer ici et là, dans la mouvance  qui se veut pro-palestinienne,  des discours et des propositions qui, inspirées par le pessimisme et le désespoir, voudraient porter le niveau des actions de soutien aux droits du peuple palestinien « à un niveau supérieur », mais qui, dans les faits, feraient courir à ce soutien et aux forces démocratiques françaises un grave danger d’isolement et les mèneraient dans l’impasse . Telle est par exemple, la thèse selon laquelle « le temps de la négociation (entre Israël et l’OLP)  est dépassé », ou encore que la perspective de « deux Etats pour deux peuples » (ou pour « deux  sociétés »  selon la formulation de l’historien israélien progressiste Shlomo Sand)  devrait être abandonnée, au bénéfice  de celle d’un « seul Etat, laïque et démocratique ».

On entend aussi s’exprimer l’idée que rien ne serait plus urgent, dans le soutien au droit et à la justice, que la critique radicale et prioritaire du sionisme. De telles idées et de telles propositions semblent  légitimées par quelques voix qui revendiquent une identité juive  pour les soutenir. Evidemment, lorsque S. Sand, parle de « dé-sionisation » d’Israël , cela ne peut avoir le même sens pour deux raisons : d’abord S. Sand est citoyen israélien; comme tel il a le droit absolu de se prononcer sur l’avenir de l’Etat dont il est citoyen. Ensuite , la question posée à l’opinion progressiste française est tout autre : son devoir est d’agir pour que la politique française cesse toute complaisance vis-à-vis d’une politique condamnable. La question posée à l’opinion française consiste à faire en sorte que l’Union Européenne abandonne  sa complicité , contraire à toutes les déclarations relatives aux droits de l’homme qui en principe sont des éléments fondateurs de l’Union Européenne. Les débats idéologiques sont utiles. Ce qui est urgent c’est l’action politique, celle qui rassemble dans la clarté .

Une Autre Voix Juive, avec les quelques 1100 signatures de son manifeste réaffirmé obstinément depuis 2003, a fait la démonstration de l’existence en France, parmi les Français juifs, d’un fort courant progressiste qui dénie au CRIF et à Israël le droit de parler en leur nom, et qui proclame la légitimité des droits nationaux palestiniens, adossés aux résolutions de l’ONU, à la légalité internationale, et à l’universalité des droits de l’Homme et des peuples. Maintenir et renforcer ce courant parmi nos compatriotes juifs  est un objectif dont l’importance, pour toutes sortes de raisons liées à l’histoire,  dépasse largement  la faiblesse numérique de la  population concernée.

Ce courant estime que les forces démocratiques en France ne sauraient accepter l’abandon des perspectives de paix négociée entre Palestiniens et Israéliens, et des principes qui fondent le droit des peuples à construire l’Etat de leur choix. L’idée d’une société fraternelle ou Juifs et Arabes jouiraient des mêmes droits est généreuse. Elle ne correspond pas, malheureusement, aujourd’hui à une réalité politique. Chacun des deux peuples, israélien et palestinien, exprime très majoritairement une aspiration à avoir son Etat. L’Etat d’Israël existe; la discussion sur ses origines a un sens mais ne saurait délégitimer ce qui résulte d’un choix très majoritaire des Nations Unies. La question est bien précisément et conformément aux mêmes résolutions de l’ONU, d’imposer la création d’un Etat palestinien viable, avec Jérusalem Est comme capitale, après évacuation des colonies de Cisjordanie, et solution négociée juste du problème des réfugiés.
Une chose est de soutenir les forces démocratiques israéliennes qui souhaitent mettre fin aux discriminations imposées à la minorité arabe, et qui luttent pour une paix juste et durable, autre chose est  de vouloir  imposer ces changements de l’extérieur, sous tendant le  déni du droit d’Israël à exister.
Déplacer le terrain de lutte pour une paix juste et durable sur celui de l’antisionisme serait une autre erreur. L’ambigüité de cette  terminologie,  qui permet à des personnages médiatiques notoirement antisémites et négationnistes de s’en prévaloir en se déclarant pro-palestinien suffit à la disqualifier.

Alors, après Gaza, que faire ?
Comment conjuguer  l’indispensable perspective d’une paix fondée sur la reconnaissance des droits de chaque peuple à exister avec son Etat, dans la paix et la sécurité, et la nécessité de répondre à la fuite en avant du gouvernement israélien dans le recours à la violence ?

Une proposition est de soutenir toutes les formes d’opposition non violente à l’occupation comme, par exemple, les actions coordonnées menées à Bil’in contre le mur par des  Palestiniens et des Israéliens. Une Autre Voix Juive soutient cette idée.
Une autre proposition utile est de faire campagne pour des formes de sanctions qui seraient en vigueur tant qu’Israël ne s’engagerait pas concrètement dans la voie de la reconnaissance des droits nationaux palestiniens. Ces actions sont de trois types : campagne pour la suspension des accords d’association UE/Israël ; campagne contre les investissement  étrangers en Israël qui contribuent à la colonisation ; campagne contre la commercialisation en France de produits israéliens provenant des territoires occupés.
En ce qui concerne les investissements, les entreprises françaises contribuant, par exemple, à la construction ou à l’exploitation  du tramway reliant des colonies à Israël sont particulièrement visées. En ce qui concerne les produits provenant des territoires occupés, la question de leur  traçabilité est cruciale. Un vote du Parlement européen l’a exigée.  Le gouvernement israélien  doit l’assurer.

Une telle campagne, dite de BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), actuellement en cours de discussion au sein du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Israéliens et Palestiniens, aurait de bonnes chances d’avoir le soutien d’un grand nombre de démocrates en France.  Mais pour cela, elle doit très clairement éviter les perversions dont souffrent certaines variantes de cette initiative à l’échelle internationale.  Ainsi, un document émis par « Stop The Wall » qui coordonne la campagne BDS à l’échelle internationale énonce  que « la campagne de BDS ne cible pas seulement l'économie israélienne, mais elle remet en cause la légitimité d'Israël, en tant qu'Etat colonial et d'apartheid, dans le cadre de la communauté internationale. Par conséquent, des efforts sont nécessaires non seulement pour promouvoir le boycott des consommateurs, mais aussi les boycotts dans les domaines universitaires, culturels et sportifs ». Une telle orientation  constituerait un grave danger pour les forces progressistes; elle isolerait et affaiblirait les forces progressistes israéliennes ; elle ne permettrait aucunement d’aider les forces progressistes palestiniennes : au contraire , elle ne pourrait que contribuer à renforcer des courants idéologiques qui aident puissamment la propagande du gouvernement israélien actuel; elle pourrait aisément être endossée par des mouvements antisémites, et elle contribuerait à creuser, en France,  le fossé entre populations  de culture juive et de culture musulmane.  Alimenter, si peu que ce soit, l’idée d’une punition  collective du peuple israélien, de surcroît trop souvent identifié à un mythique « peuple juif », aurait des résonances et des conséquences  dont il est inutile de souligner la gravité.
Il est clair qu’une campagne de type BDS en France devrait se dissocier explicitement des orientations inacceptables, contraires à la légalité internationale,  que certains tentent d’imprimer à  ce type d’actions  en France et à l’étranger.  Une campagne ciblée explicitement contre l’occupation et les colonies, et appuyant  les efforts conjoints des forces de paix en Palestine et en Israël aura le soutien de l’opinion publique.  C’est cette forme d’action qu’UAVJ, pour sa part est prête à soutenir.

Dans la lutte opiniâtre, difficile, acharnée que mènent les forces démocratiques  pour  aboutir à une paix juste et durable au Proche Orient, il faut savoir maintenir le cap, quelles que soient les embûches, et déjouer les provocations, d’où qu’elles viennent.

UAVJ, le 04/09/2009




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Mise à jour : 21.01.2010
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