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Contribution à la réflexion sur la crise actuelle



C’est l’éditorial de Presse Nouvelle Magazine de novembre qui souligne combien les opinions sont différentes au sein de la population française, à gauche comme à droite, pour analyser la crise dite des «banlieues», que certains disent à juste titre selon moi ne pas être seulement des banlieues mais de la société toute entière.

Le problème dans le débat est la caricature des positions non concordantes avec la sienne propre. En ce sens, la déclaration sur les « démons » parue dans le Monde du 6 décembre dénonce les propos extrémistes, ceux de Dieudonné, antisémites, de Finkielkraut, anti-arabes, mais également du chauvinisme républicain.

Aujourd’hui, chacun s’accorde à dire que la crise est d’abord sociale : Manuel Valls comme Tariq Ramadan dans l’émission de FR3 du 14 décembre traitant du colonialisme et de la laïcité.

Mais le racisme ne se résume pas à la pauvreté. Tous s’accordent aussi à dire qu’il y a des «blancs» pauvres tout autant concernés, et aussi des gens vivant sans soucis financiers et soumis au racisme du seul fait de la couleur de leur peau ou de la consonance de leur nom.

Il y a un risque très présent de gommer la pauvreté et ce qui en est la cause pour ne voir que le racisme tout de même très présent, cela est démontré : avec les testings des associations antiracistes, mais aussi ce que l’on peut voir et entendre autour de soi, sans parler des sondages où Le Pen monte sans trop avoir à se fatiguer. On sait que les crises économiques et sociales ont toujours développé la haine de l’autre.

Il y a tout autant un risque de gommer le racisme en mettant sur le compte de la pauvreté, de la mondialisation, du capitalisme, tout ce qui provoque les débordements sociaux. Moyen pratique d’éluder le phénomène ancien du bouc émissaire, certes exploité par le pouvoir en place, mais que la gauche n’a pas combattu franchement.

Il est aujourd’hui facile de dénoncer le communautarisme, mais la confusion est entretenue entre le communautarisme religieux, avec son instrumentalisation politique (CFCM), et le communautarisme ethnique, déviation de la communauté culturelle en activisme militant. En effet, n’est-il pas surprenant de voir naître une fédération des associations Afrique-Antilles regroupant des gens d’horizon politique les plus divers ? Et encore plus surprenant, l’absence de polémique médiatique à ce sujet (à ma connaissance du moins), au contraire de l’appel des Indigènes ?

Qui reconnaîtra que cette évolution, est la conséquence des échecs de la société politique d’une part, notamment du Parti socialiste très présent dans le mouvement associatif, et de la société civile d’autre part, c’est-à-dire les associations elles-mêmes, SOS racisme, Ni putes Ni soumise,  MRAP, etc..., pour changer les pratiques et les mentalités ? Ne voit-on pas Fodé Sylla dans le collectif Africo-Antillais, symbole de l’échec de son action antérieure à SOS racisme ?


Le républicanisme intégriste qui embellit l’histoire, minimise l’horreur coloniale sous prétexte que tout n’y est pas négatif, et se retranche derrière des déclarations fondamentales de liberté, égalité, fraternité, exonère de toute responsabilité ses élus politiques et leurs électeurs  avant tout examen de la réalité. Entendre Manuel Valls donner la leçon de républicanisme me gêne singulièrement quand on sait l’engagement de son Parti pour l’Algérie française.

Comme le rappelaient les historiens du débat précité, notamment Max Gallo et Pascal Blanchard, dans la République il existe deux France. J’interprète : celle des Versaillais et celle de leurs victimes. Il faut vivre avec cette réalité qui n’a pas perdu de son sens. Il faut aussi qu’elle se traduise dans les livres d’histoire, dans sa complexité et sans parti pris, si l’on veut traiter les problèmes de la société actuelle sans faire l’impasse sur leur filiation historique.

Que des historiens renommés et dont l’esprit républicain n’est pas contestable en viennent à réclamer l’abrogation de la loi Gayssot qui interdit le négationnisme ajoute à la confusion qui règne. Le Pen et Gollnish exultent : il n’y aurait plus de poursuites pénales possibles pour propos antisémites et racistes, devenus des opinions historiquement fondées sur des études d’historiens négationnistes, de vrais professionnels. Laissons aux historiens l’histoire, et aux politiques le devoir éthique d’en tirer les leçons pour interdire par la loi les discriminations qui préparent de nouveaux crimes contre l’humanité.

Chez les participants au débat sur le colonialisme, personne ne voulait stigmatiser la République, ni réclamer une repentance, mais la demande était forte d’une reconnaissance des faits historiques de l’esclavage et du colonialisme, pour le respect des descendants des victimes vivant parmi nous.

La France est un pays démocratique où chacun s’exprime librement. Le peuple s’exprime dans les urnes, les parlementaires au Parlement, la majorité parlementaire au gouvernement, le tout par la règle démocratique, certes faussée par les systèmes électoraux, mais on ne peut pas vanter les mérites de la République et vouer aux gémonies ses institutions.

Si les victimes de la pauvreté et des discriminations raciales ne votent pas, ou votent moins que les autres, la question est d’une autre nature. La voix du peuple est bien timide dans les manifestations contre la pauvreté et le racisme. J’en témoigne.

Il faudra bien avancer malgré toutes les difficultés, mais avec un regard lucide sur la société réelle et non idéalisée : Œuvrer contre la pauvreté, le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, et la mondialisation capitaliste qui désagrège les solidarités exige bien des efforts pour une prise de conscience de leur force par les victimes elles-mêmes.


Jean-François Marx
Le 18 décembre 2005




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Mise à jour : 03.01.2006
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