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Négationnisme à Téhéran, désaccord avec l'UJFP - Décembre 2006
Position UAVJ - Pascal Lederer
(22.12.06)
En réponse à la déclaration de l'UJFP 

Le texte de l'ujfp fait preuve d'une confusion intellectuelle désolante, à plusieurs niveaux. La contestation du génocide ne peut être considérée comme autre chose qu'une réhabilitation du nazisme.
Le génocide pratiqué par les nazis a été un élément de la stratégie de domination mondiale de l'impérialisme allemand, camouflé derrière la théorie de la suprématie absolue d'une race. La mise en esclavage des peuples dominés, notamment des slaves, impliquait la négation de l'humanité des non aryens. L'extermination des Juifs, dont la pleine étiologie idéologique et symbolique reste, à mon avis, incomplètement comprise, était probablement à la fois un ciment idéologique pour la cohésion du peuple dominant, et l'expression achevée de la toute puissance du capital sur les hommes.

Mettre le sionisme sur le même plan que le nazisme est ignorer que le premier a d'abord été une protestation contre la négation de l'humanité des Juifs. C'est prendre en compte de manière hypertrophiée le tronc commun des idéologies sionistes et nazies, celui des idéologies colonialistes ou nationalistes du 19 ème siècle. S'il est vrai que nazisme et sionisme nient tous deux l'universalité des droits humains, le premier avait une vision totalitaire mondiale de domination, le second une vision dévoyée de la libération d'une fraction particulière opprimée de l'humanité. Que la vision sioniste aboutisse à la négation des droits d'un autre peuple, autour de la question de la terre, n'est que trop vrai. Etablir une équivalence entre le projet nazi et la visée sioniste relève en revanche d'une certaine forme de négationisme.
Si les violences israéliennes contre les droits nationaux palestiniens sont comparables au nazisme, ce dernier en fin de compte n'aurait donc pas supprimé toutes les libertés politiques et syndicales, n'aurait pas supprimé toute liberté d'expression, et n'aurait pas exercé la terreur contre toutes les organisations ouvrières. Si les crimes commis contre le peuple palestinien sont un génocide comparable au génocide pratiqué par les nazis, alors ce dernier n'a pas été une entreprised'extermination industrielle rationnelle, planifiée et systématique, mais une série de violences plus ou moins sporadiques.

Dire cela ne saurait minimiser dans mon esprit la gravité des crimes israéliens répétés contre la population civile palestinienne, contre les droits nationaux palestiniens, ni la responsabilité israélienne dans l'exode palestinien provoqué de 1948. Ces violences et ces crimes doivent être condamnés sans relâche et sans nuance. Mais leur comparaison avec le génocide relève, je le répète, d'une forme de négationnisme. Le parallèlisme que fait l'ujfp entre nazisme et sionisme impliquerait que la recherche d'une solution pacifique, juste et durable au conflit relèverait d'une tolérance coupable à l'égard d'un Etat que toutes les démocraties devraient combattre, et si possible , abattre.
En effet, comme le remarque Bernard Schalscha, la négation du droit du peuple israélien à avoir un Etat, c'est à dire la négation de la légitimité d'Israël, est implicite dans le discours de l'ujfp, comme il a été explicite dans des textes du même auteur qui circulaient sue le net avant le colloque du mrap sur sionisme et antisionisme. Ces discours, venant d'une voix juive, confortent dans leurs objectifs ceux qui sont prêts à mourir jusqu'au dernier palestinien, et à récupérer, comme le déclarait Nasrallah il y a peu, toute la terre de Palestine de la Méditerrannée au Jourdain.

En réalité, comme Une autre voix juive l'a déja exprimé (voir ses textes sur son site) il faut analyser la situation du Proche Orient de manière concrète, sans recourir à la facilité dangereuse de comparaisons historiques injustifiées ou scandaleuses. Le conflit du Proche Orient est un conflit -inégal- entre deux légitimités, entre un peuple qui réclame la reonnaissance de ses droits nationaux et un autre qui, à tort ou à raison, craint pour sa survie et sa sécurité.
Dans ce conflit, laisser croire que le négationnisme serait une forme de soutien, même dévoyé, au peuple palestinien, si c'est bien le sens du texte alambiqué de l'ujfp, est une aberration qu'il faut dénoncer avec force. Tolérer l'apologie de la négation la plus radicale de l'humanité d'un groupe humain quel qu'il soit, c'est ouvrir la voie à la négation des droits d'un autre. Comme l'a très bien dit un patriote palestinien dans le Monde récemment, le négationnisme exprimé au nom du soutien au peuple palestinien rend odieuse la cause palestinienne, affaiblit les soutiens démocratiques dont elle a besoin, et justifie aux yeux de l'opinion publique israélienne une politique de force conçue comme indispensable à la survie même du peuple israélien.

Décidément, la fuite en avant de l'ujfp dans un discours qui n'a plus grand chose à voir avec la recherche d'une paix juste et durable est une affaire préoccupante. Les seuls qui puissent s'en réjouir sont les jusqu'au boutistes du soutien inconditionnel à Israël, qui trouveront dans ces positions de quoi discréditer tous les Français juifs qui critiquent le CRIF...

Pascal Lederer




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Mise à jour : 08.01.2007
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