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![]() Une Autre Voix Juive |
A
propos de l'exigence de John Kerry sur la reconnaissance d'Israël comme
"Etat-Nation du Peuple Juif (texte de Uri Avnery paru dans "Gush
Shalom") Encore
un
rêve chimérique Uri
Avnery, dimanche
9 février 2014 Qu’est-ce
qui ne va
pas dans le fait d’exiger que la direction palestinienne reconnaisse
Israël
comme “l’État-Nation du Peuple Juif” ? Eh
bien, pratiquement tout. Les
États se reconnaissent mutuellement.
Ils n’ont pas à reconnaître leur caractère
idéologique respectif. Un
État est une réalité. Les idéologies
appartiennent au domaine de l’abstraction. Lorsque
les États-
Unis
ont reconnu l’Union Soviétique en 1933,
ils ont reconnu l’État. Ils n’ont pas reconnu sa nature communiste. Lorsque
l’OLP a reconnu l’État
d’Israël dans le cadre des Accords d’Oslo, ainsi que dans l’échange de
lettres
qui les a précédés, il ne lui était pas demandé de reconnaître
son idéologie
sioniste. Lorsque Israël a réciproquement reconnu
l’OLP comme le
représentant du peuple palestinien, il n’a reconnu aucune idéologie
palestinienne
particulière, laïque ou religieuse. Certains
Israéliens (dont moi) aimeraient
changer l’auto-définition d’Israël comme “État Juif et Démocratique”,
en
retirant le mot “Juif”. D’autres Israéliens aimeraient omettre ou
retirer le
mot “démocratique”. Aucun d’entre nous ne pense que nous avons besoin
de la
ratification des Palestiniens pour cela. Ce
n’est tout simplement pas
leur affaire. JE NE sais
pas quelle est
l’intention réelle de Nétanyahou lorsqu’il présente cette exigence
comme
un ultimatum. L’explication
qui flatte le plus son égo
est que ce n’est qu’une nouvelle manœuvre pour saboter le “processus
de paix”
avant qu’il n’en vienne à exiger l’évacuation des colonies
israéliennes
des territoires palestiniens. L’explication la moins flatteuse,
c’est
qu’il y croie vraiment, qu’il est poussé par un complexe
d’infériorité
national profondément ancré qui exige une garantie extérieure de
“légitimité”.
La reconnaissance de “L’État-Nation du Peuple Juif” implique
d’accepter la
totalité du discours sioniste en bloc, depuis la promesse de Dieu
à Abraham jusqu’à l’époque actuelle. Lorsque
John Kerry envisage
l’éventualité de faire figurer cette exigence dans son Accord Cadre,
il
devrait y réfléchir à deux fois. Où
cela laisserait-
il
son envoyé spécial, Martin Indyk ? Martin
Indyk est juif, il porte un nom
yiddish (Indyk signifie dinde). Si Israël est l’État de l’ensemble de
la nation
juive ou du peuple juif, il en fait partie qu’il le veuille ou non.
L’État
d’Israël le représente, lui aussi. Alors, comment peut-
il
se comporter en intermédiaire honnête entre les deux
parties en conflit ? Et
où cela laisse-
t-
il
les millions de Juifs américains,
à l’heure où le conflit entre les gouvernements des États-
Unis
et d’Israël se fait plus profond ? De quel côté sont-
ils ?
Sont-
ils
tous des
Jonathan Pollards ? LA VOIX AMÉRICAINE indépendante
à l’égard d’Israël nouvellement créée incite les Israéliens de
droite
à imaginer des solutions de plus en plus bizarres. Le
dernier exemple en est la brillante
idée de Benjamin Nétanyahou : pourquoi ne pas laisser les colons
israéliens
où ils sont comme citoyens palestiniens ? Cela
semble tout à fait honnête
à beaucoup de gens raisonnables, dans la meilleure tradition
anglo-
saxonne. L’État
d’Israël compte actuellement 1,6 million
de citoyens arabes palestiniens. Pourquoi l’État de Palestine,
comprenant
Jérusalem Est, n’intègrerait-t-il pas 0,6 million de
citoyens
juifs israéliens ? Les
Arabes d’Israël jouissent, du moins
en théorie, de tous les droits prévus par la loi. Ils votent pour la
Knesset.
Pourquoi ces Israéliens ne jouiraient-
ils
pas en
Palestine de tous les droits prévus par la loi, ne voteraient-
ils
pas pour les Majlis et ne seraient-
ils
pas
soumis à la loi ? Les
gens aiment la symétrie. La symétrie
rend la vie plus facile. Elle réduit la complexité. (Lorsque j’étais
une jeune
recrue dans l’armée, on m’avait appris à me méfier de la symétrie.
La
symétrie est rare dans la nature. Lorsque l’on voit des arbres
régulièrement
espacés, on m’avait dit que ce n’était pas une forêt mais des soldats
ennemis camouflés.) CETTE SYMÉTRIE CI est
fausse, elle aussi. Les
citoyens arabes d’Israël vivent sur
leur terre. Leurs ancêtres y ont vécu pendant au
moins 1400 ans,
et peut-
être
pendant 5000 ans. Sa’eb
Erekat s’est exclamé cette semaine que sa famille vivait à Jéricho
depuis10.000 ans, alors que son homologue, Tzipi Livni, est la
fille
d’un immigrant. Les
colons des territoires palestiniens
occupés sont pour la plupart de nouveaux immigrants, eux aussi. Ils
ne sont
pas installés sur la terre de leurs ancêtres, mais sur une terre
palestinienne
expropriée par la force – qu’il
s’agisse de terres “privées”
ou de “terres gouvernementales”.
Ces soi-
disant
“terres gouvernementales”
étaient les réserves de terres communales des villages qui,
à l’époque
ottomane, étaient enregistrées au nom du Sultan, et plus tard au nom
de
l’autorité britannique
ou jordanienne.
Lorsqu’Israël a conquis le secteur, il s’est emparé de ces terres
comme si
elles lui appartenaient. MAIS LA question
principale
est quelque peu différente. Elle concerne le caractère des colons eux-
mêmes. Le
noyau dur des colons, précisément
ceux qui vivent dans les petites colonies “isolées” dans des secteurs
qui
feront dans tous les cas partie de l’État Palestinien, est constitué
de religieux
et de nationalistes fanatiques. Leur
choix même de quitter des maisons
confortables en Israël pour aller vers les collines pierreuses et
désolées
de “Judée-
Samarie”
relevait de l’idéalisme.
C’était pour revendiquer cette zone pour Israël, accomplir leur
interprétation
du commandement de Dieu et rendre définitivement
impossible un État Palestinien. L’idée
de voir ces gens devenir des
citoyens respectueux des lois du même État palestinien est absurde.
La
plupart d’entre eux haïssent tout ce qui est arabe, y compris les
travailleurs
qui travaillent pour eux sans bénéficier de salaires minimum ou de
droits
sociaux, et ils le disent ouvertement à tout propos. Ils
soutiennent les
voyous du “prix à payer” qui terrorisent leurs voisins arabes,
ou tout
au moins ne disent rien contre eux. Ils obéissent à leurs rabbins
fanatiques
qui débattent entre eux pour savoir s’il est juste de tuer des enfants
non-
juifs
qui pourraient, devenus adultes, tuer des Juifs. Ils projettent de
construire le Troisième Temple, après avoir fait sauter les
sanctuaires musulmans. Envisager
qu’ils soient citoyens
palestiniens est ridicule. BIEN SÛR,
ce ne sont pas tous les
colons qui sont comme cela. Cette
semaine, une chaîne de télévision
israélienne a diffusé une série d’émissions sur la situation
économique
des colons. Ce fut une révélation. Ces
pionniers idéologiques, vivant
sous des tentes et des huttes en bois, ont disparu depuis longtemps.
Beaucoup
de colonies sont maintenant constituées d’immeubles magnifiques,
avec chacun
sa piscine, ses chevaux et ses vergers – quelque
chose que 99% des Israéliens ne
peuvent même pas imaginer. Comme ils viennent presque tous dans les
“territoires”
sans un shekel en poche, il est clair que tous ces palaces ont été
construits
avec l’argent de nos impôts – les
sommes
énormes consacrées
chaque année à cette
entreprise. Les
groupements de colonies urbaines
près de la Ligne Verte appelés “blocs de colonies” sont une autre
affaire. Ils
sont susceptibles d’être réunis à Israël dans le cadre d’un
“échange de
territoires”. Mais au moins deux d’entre eux posent de graves
questions.
Ariel qui se situe à quelque25 km à l’intérieur de
l’État palestinien
envisagé, et Maaleh Adumim, qui coupe pratiquement la Cisjordanie
en deux. Incorporer
ces deux villes importantes
avec leurs habitants à un État de Palestine souverain est un
rêve chimérique. LORSQUE NÉTANYAHOU a promis
cette semaine qu’il ne retirerait pas un seul colon ni qu’il
n’évacuerait pas
une seule colonie, il se peut qu’il ait pensé à Charles de Gaulle
qui, lui
non plus, n’a pas retiré de colons ni démantelé des colonies. Il
a simplement
fixé la date à laquelle l’armée française
quitterait l’Algérie. Cela
suffit.
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Mise
à jour:16.02.2014
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