Boycott ?
Pour quelle
espérance ?
Une
Autre Voix Juive suit avec effroi les
développements
politiques en Israël comme, sur un autre plan, en France. L’absence de
visibilité d’une solution politique permettant au peuple palestinien de
recouvrer la plénitude de ses droits fondamentaux, est accrue
démesurément par
la politique du gouvernement israélien. Elle
conduit cette région du
monde au
chaos et à la barbarie. Le monde sait que le gouvernement israélien
actuel ne
recherche pas les conditions d’une paix juste et durable mais poursuit
obstinément dans une voie sans issue qui, on le voit, ne protège en
rien la
population juive d’Israël tout en renforçant les discriminations et les
persécutions de tout type vis-à-vis de
sa population arabe ; l’instauration
d’une véritable législation d’apartheid est sans aucun doute l’intention du gouvernement
actuel en Israël.
L’exigence
de sanctions internationales
pour faire cesser cette politique est donc une nécessité.
Quelles
sanctions et pour quel objectif ?
Au
moment même où cette question grandit
dans l’opinion progressiste à juste titre on voit le premier ministre
de la
France créditer la politique israélienne actuelle de toutes les vertus
et
criminaliser celles et ceux qui s’y opposent ; la circulaire
Alliot –
Marie assimile un mouvement de lutte
contre la colonisation israélienne à l’antisémitisme. Loin d’être
abrogée ,
abandonnée ou mise en désuétude, elle se
voit aujourd’hui érigée en principe . Une Autre Voix Juive s’indigne de
cette
situation. Elle exige l’abrogation de ce texte scélérat dont l’auteure
est
devenue tristement célèbre pour avoir soutenu les pires dictatures au
Proche
Orient. En mettant ses pas dans de pareilles traces le gouvernement
français
s’égare et contribue à abaisser l’image de notre pays.
Une
Autre voix Juive n’accepte pas un amalgame
faisant d’une lutte légitime une
contribution à l’antisémitisme.
Mais
pour autant, Une Autre Voix Juive ne
fuit pas un débat essentiel :
Le
boycott des produits issus des colonies
est juste et nécessaire;
il n’est pas un progressiste qui puisse s’y opposer.
La traçabilité de ces produits doit être
imposée par l'UE. Autre chose est la proposition de
boycott des produits israéliens sans
distinction. Une telle exigence est
bruyante mais divise les forces qui dans
l’Union Européenne cherchent les voies nécessaires pour sortir des
impasses
actuelles, nourrit des confusions quant aux objectifs recherchés et
innocente
les silences complices et l’inaction politique.
Mais
au-delà, quel doit être l’objectif de
sanctions internationales dont la
légitimité est hors de doute ?
Selon
Une Autre Voix Juive, ces sanctions
doivent :
--Rassembler majoritairement pour la
réalisation des droits fondamentaux du peuple palestinien, condition
pour
assurer la sécurité des deux peuples
israélien, et palestinien.
--Imposer
des décisions politiques
conformes à cet objectif dans l’Union Européenne; de premiers pas,
timides,
viennent d’être franchis dans ce sens.
Ces
sanctions doivent en outre être de
nature à conforter les forces qui, en Israël, se battent courageusement et avec certains succès même si ceux-ci sont
encore très insuffisants : grâce à leur action le gouvernement
israélien
n’a pas les mains libres.
Ces
sanctions doivent en tout premier lieu
nourrir l’espoir d’une issue politique, pacifique et juste pour les
deux
peuples, palestinien et israélien .
C’est
pourquoi la suspension de l’accord de
coopération entre l’Union
Européenne et Israël doit être un objectif central ; il ne
s’oppose pas à
d’autres mais il est le seul à réunir les conditions précédentes. Une
Autre
Voix Juive
mettra tout en œuvre pour que cette exigence devienne incontournable.
30
janvier 2016
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