
Une
Autre
Voix
Juive
|
Le
point de vue de Gideon Levy, au coeur d'Israël et de la Palestine :
l'occupation toujours encouragée, manipulée, financée par le très
puissant AIPAC, la grande déception Obama, la manipulation à double
sens Israël/USA, les renoncements des travaillistes. Au comble du
désespoir Gideon Levy en vient à préferer le discours de Trump à celui
de Clinton sur le Proche-Orient! Il pense qu'une des dernières
solutions est le BDS généralisé.
Un point de vue extérieur, Européen, pourrait ajouter que les
organisations qui militent pour la paix au Proche-Orient (dont UAVJ)
réclament avec constance la reconnaissance de l' Etat Palestinien, la
suspension des accords UE/Israël et militent
pour le boycott des produits israéliens fabriqués dans les colonies, le
désinvestissement et les sanctions contre les entreprises, et les
institutions qui participent et/ou profitent de la colonisation.
Pour Gideon Levy : "La seule source d’espoir est que, comme
cela s’est passé souvent dans l’histoire, l’inattendu arrive"
Gideon Levy : Rien ne détruira plus sûrement Israël que l’occupation
Gideon Levy (propos recueillis par
Max Blumenthal)
Gideon Lévy est
à la fois une personnalité singulière et un des journalistes israéliens
dont la voix porte le plus fortement… surtout probablement en dehors de
son pays, auquel il n’épargne aucune vérité dérangeante. Il
s’entretient avec Max Blumenthal. L’entretien
vidéo est intégralement retranscrit en français sous la vidéo.
Max Blumenthal : Je
suis Max Blumental, de Real News. Nous sommes ici au Club National de
la Presse, avant une conférence sur le Moyen Orient, qui doit examiner
si la “relation spéciale” qui
existe entre les États-Unis et Israël est favorable aux intérêts
américains. Je suis ici avec Gideon Levy, qui est un ancien
porte-parole de Shimon Peres, lui-même ancien
président d’Israël. Gideon Levy est
des journalistes des plus radicaux, un vrai dissident dans la société
israélienne et la voix des sans-voix en Israël, des Israéliens qui
résistent à l’occupation et à l’apartheid. Nous allons parler avec Gideon Levy, pas seulement à
propos des États-Unis et Israël, et leur “relation spéciale”, mais aussi
sur ce qui se passe dans la société israélienne maintenant.
Gideon, vous disiez : s’il
faut ne montrer qu’un seul endroit à un Américain qui visite la terre
sainte, ce serait d’abord Hébron,
dans le quartier H2, où vivent des colons très radicaux et violents,
mais où il y a toujours des Palestiniens. Pourquoi vous leur montreriez
ce quartier ? Il y a tellement de choses à voir…
Gideon Levy : Je commencerai là-bas parce
que là, tu vois l’occupation en concentré.
Il
n’y a pas d’autre endroit où tu peux voir la politique israélienne,
l’apartheid israélien en Cisjordanie, si clair, si limpide.
Des
routes séparées pour Juifs et Palestiniens. Une ville vide, parce que
tous les habitants palestiniens ont du s’enfuir, car les colons les ont
tellement tyrannisés que la plupart d’entre eux sont partis.
Restent seulement ceux qui n’ont pas d’endroit où aller. Et vous voyez
la terreur des colons, leur brutalité. Ce sont les colons les plus
extrêmes qui sont là. Une partie d’entre eux devraient être vus par des
psychiatres. Et tout cela se passe sur un tout petit morceau de terre.
Et c’est ainsi que cela va se développer partout, si l’occupation
continue. Là tu as l’occupation en concentré.
MB : C’est comme un microcosme
de l’occupation…
GL : Absolument. Et je ne
connais personne, aucune personne honnête, qui après avoir été là, n’a
pas été choquée.
MB : J’étais à Hébron,
dans la rue Shuhada et je parlais avec les soldats. Il y a là une
centaine de colons, protégés par des centaines de soldats, qui eux
aussi sont très violents avec la population palestinienne locale. Je
suis en train de filmer, une femme colon passe et elle me fixe du
regard et je lui fais signe « Yella »,
« allez-vous-en ».
Et elle commence à crier : « Que veux-tu dire avec “Yella” ? De quoi tu parles ? »
avec l’accent de Brooklyn. Pour moi, cela semblait incroyable. Au
centre d’Hébron, tu entends
les accents de New York… Comment les États-Unis ont-ils aidé à créer
cette situation à Hébron ?
GL : Les
États-Unis sont le grand financier du projet sioniste et le grand
financier des projets de colonisation. Sans les États-Unis, il n’y a
pas d’occupation. Et les États-Unis portent la responsabilité pour tous
les actes et crimes d’Israël. Parce que sans les États-Unis, Israël ne
pourrait pas le faire. C’est tout à fait clair.
MB : Les
États-Unis disent qu’Israël est un allié dans la région, qu’Israël
poursuit ses objectifs géo-stratégiques. Vous le voyez aussi
ainsi ? Est-ce qu’Israël, plus particulièrement sous le
gouvernement de Nétanyahou, est-ce qu’il se préoccupe de cela ?
GL : Comme
toujours,concernant les relations entre Israël et les EU, vient la
question : qui des deux est la superpuissance ? Israël ou les
États-Unis ? Qui dicte sa loi à l’autre ? Qui fait du chantage à
qui ? Et souvent, tu as l’impression que c’est Israël qui fait du
chantage aux États-Unis. Et alors je me demande pourquoi ? C’est
une énigme pour moi. Comment se fait-il qu’Israël est SI puissant ?
Et
l’autre question qu’on devrait se poser est : en quoi cela sert-il
les valeurs ou intéressent des États-Unis ? Est-ce que l’occupation
sert les valeurs et les intérêts des États-Unis ? Est-ce que l’Amérique
ne voit pas le prix énorme pour ce soutien autonomique et aveugle
d’Israël dans son projet d’occupation ? Est-il raisonnable dans le
21ème siècle que les États-Unis financent un régime d’apartheid dans
les territoires occupées ? Toutes ces questions devraient être
posées, mais je ne suis pas sûr que quelqu’un a les réponses.
MB : Nous
n’avons personne dans nos médias traditionnels qui posent ces
questions. Vous, vous le faîtes, dans Haaretz, dans vos pages.
Parlez-nous de votre expérience. Vous soulevez ces sujets déplaisants
et vraiment dérangeant concernant l’occupation et l’apartheid dans la
société juive israélienne.Est-ce que cela vous a affecté au long de ces
années, plus spécialement depuis que Netanyahou est au pouvoir.
GL : Les
dernières années, cela est devenu de moins en moins plaisant et
sécurisant. Lorsque j’étais à Gaza, j’ai dû être accompagné par des
garde-corps. Mais il ne s’agit pas de moi, je ne suis qu’un individu.
Ce qui est réellement important, c’est que prendre le parti de la
moralité, or défendre le maintien du droit international, est considéré
en Israël comme de la trahison. Pas moins que ça ! La pire des choses
qu’on peut entendre, c’est d’être un « gauchiste israélien ».
Cette atmosphère violente et agressive, sans aucune forme de tolérance
est un danger profond pour le futur d’Israël.
MB : Concernant
le futur : il y a la ministre de la culture…, qui exige des
artistes une forme de loyauté. Une artiste amie a été arrêtée, et est
inculpée pour son art. Dans le système scolaire, on voit une forte
imposition d’endoctrinement religieux et nationaliste, le militarisme…
On voit que les jeunes semblent plus racistes que leurs parents ou
leurs grand-parents – je parle des Juifs israéliens. Il ne semble pas
que l’occupation évolue vers la fin, elle semble actuellement comme une
composante du futur d’Israël. Comment voyez-vous l’évolution dans les 5
à 10 ans à venir et comment vous vous pouvez tenir le coup ?
GL : Les démocrates américains (“the liberals”
– NdT) devraient savoir qu’ils soutiennent les premiers signes du
fascisme, je n’ai pas dit “le fascisme”, mais les premiers signes de
fascisme en Israël, c’est très clair.
Que
les États-Unis soutiennent cette évolution, qu’ils ferment les yeux, et
qu’ils continuent de financer cela. Cela devrait être su par tous les
Américains, par les démocrates qui se soucient où va autant d’argent
des contribuables.
Maintenant,
où allons-nous ? Je ne peux m’imaginer aucun scénario qui donne un
espoir. Vous l’avez mentionné : il n’y a pas source d’espoir
maintenant. Il n’y a pas d’alternative à Netanyahou et l’alternative
qui pourrait y avoir n’est pas vraiment mieux. L’atmosphère est de
moins en moins tolérante et le taux de démocratie est minimal et
souvent très distordu. La plupart des Israéliens pensent que la
démocratie signifie le règne de la majorité et tout le reste est
complètement sans importance.
Il
y a des niveaux d’ignorance que je n’ai jamais vu avant. La génération
de jeunes Israéliens, vous le savez, a atteint un niveau d’ignorance
terrible. Ils ne connaissent rien de rien, ils ne se préoccupent de
rien de rien. Ce qui devraient inquiéter tous les Israéliens, avant
tout. Mais je ne vois pas que les Israéliens s’en préoccupent.
Et
alors nous avions ce grand espoir pensant que les États-Unis allaient
changer. Nous avions un espoir énorme il y a sept ans [lors de
l’élection d’Obama]. Cet espoir était tout à fait hors de propos,
trompeur. Et au bout du compte nous avons passé sept ans avec Barack Obama,
qui n’a rien fait au Moyen Orient. C’était un grand président, je suis
sûr, mais ce n’est pas à moi d’en juger, mais quand il s’agit du
Moyen-Orient, il n’a rien fait et vous êtes réellement sans espoir. La
seule source d’espoir est que, comme cela s’est passé souvent dans
l’histoire, l’inattendu arrive. Dans beaucoup de cas, des régimes
pourris tombent d’eux-mêmes et il n’y a rien de plus pourri que
l’occupation israélienne.
MB : Pas mal de jeunes
activistes israéliens ont commencé à se rendre en Cisjordanie, des
groupes les “Anarchistes contre
le Mur”, ils sont allés dans les petits villages comme Nabi Saleh, Bil’in et cette coopération a été
écrasé par les militaires et l’Autorité Palestinienne.
Je vois que beaucoup se sont tournés vers BDS, le mouvement pour le Boycott, Désinvestissement et les Sanctions contre Israël. Ils
soutiennent un groupe nommé « Boycott
from within » et ils font un appel au monde, disant « Boycottez mon pays ».
Pourquoi font-ils cela et que pensez-vous des perspectives du mouvement BDS. Pourrait-ce être
potentiellement un élément qui modifierait la donne ?
GL : D’abord
je ne peux pas en vouloir à ces jeunes gens dévoués et courageux qui
ont été écrasés pas seulement par l’armée israélienne, mais aussi par
les médias, qui les délégitiment systématiquement. Et vraiment on a
étouffé leur voix, on les a empêché de parler. Soit en les discréditant
dans les médias soit par les attaques physiques de l’armée israélienne.
Et vous savez, semaine après semaine, ils ont perdu espoir, de
différentes façons.
Le seul instrument
qui donne de l’espoir, le seul donne qui pourrait donner une forme
d’espoir, c’est BDS.
C’est une voie non-violente, très légitime, qui s’est avérée très
efficace par rapport à l’apartheid en Afrique du Sud. Et il n’y a
aucune raison pourquoi cela ne pourrait pas être appliqué aussi envers
Israël. Aussi longtemps qu’Israël continue de soutenir tous ces crimes,
aussi longtemps que perdure l’occupation.
MB : La plupart des Israéliens
voient BDS comme
un appel pour détruire Israël. Comment répondez-vous à cela ?
Quand ils disent que c’est juste une autre manière « de les jeter dans la mer ».
GL : Rien
ne détruira plus sûrement Israël que l’occupation. Et ceux qui se
préoccupent de l’avenir d’Israël, feraient mieux d’agir contre
l’occupation. C’est l’ennemi le plus important d’Israël, moralement,
politiquement, économiquement et militairement. Ceux qui pensent
qu’Israël peut continuer d’exister ainsi éternellement, ne comprennent
rien de l’histoire. Aucun empire n’a duré éternellement de cette façon.
BDS a
un objectif très concret et c’est de mettre fin à l’occupation. C’est
un objectif très légitime, c’est un objectif moral. Et je voudrais ne
pas devoir dire cela, mais je ne vois rien d’autre qui puisse être plus
efficace que cela.
MB : Laissez-moi
vous questionner sur votre propre cheminement politique. Comme j’ai
mentionné dans l’introduction, vous étiez un membre du parti
travailliste, en bonne position, vous étiez proche de Shimon Peres, proche du
processus de paix, du “camp de la
paix”.
Dans un court-métrage, réalisé par un ami, on vous voit une scène
incroyable dans les anciens quartiers généraux du Parti travailliste,
dans une salle complètement vide, dans un bâtiment qui semble en parti
démoli : c’est comme un symbole pour le Parti travailliste
aujourd’hui. Le Parti travailliste a l’intention d’abandonner la “solution à deux États”, alors
qu’il s’est toujours identifié à ce projet.
Alors, comment avez-vous fait pour arriver où vous êtes
maintenant, c’est-à-dire à soutenir BDS ?
Et comment le parti travailliste est arrivé au point de soutenir
les positions de Nétanyahou ?
GL : En
ce qui me concerne, j’ai fait une longue route. Je ne suis pas sûr que
Parti Travailliste ait changé. Finalement, le Parti Travailliste a
toujours été ce qu’il est aujourd’hui. Il y a eu des périodes où nous
croyions – où je croyais – au bluff. Mais en fin de compte, le Parti
Travailliste est plus responsable de l’occupation que n’importe quel
autre groupe politique en Israël. Ils ont établi les fondations. Ils
n’ont rien fait pour mettre fin à l’occupation, jamais.
La seule
évacuation de colonies a été faite par Sharon, pas par qui que ce soit
au Parti Travailliste. Donc, en fin de course, le Parti Travailliste
n’a pas changé. Et Herzog est un dirigeant
travailliste typique comme Shimon Peres, comme Rabin.
Oslo,
à mes yeux, était un piège et n’a jamais eu comme objectif de mettre un
terme à l’occupation. Et la preuve est que qu’ils n’ont jamais évacué une seule colonie.
Et sans évacuation de colonies, vos intentions sont très transparentes
: vous ne voulez pas mettre fin à l’occupation !
Et
en ce qui me concerne, cette évolution que j’ai vécue, est due à une
seule chose : le fait que j’ai commencé à couvrir l’occupation en
tant que journaliste, à voyager semaine après semaine et souvent jour
après jour, pendant 30 ans. Ce dont j’ai été témoin, très peu
d’Israéliens l’ont vu.
Aucune
personne de conscience ne pourrait aboutir à une autre
conclusion que celle-ci : il faut arrêter l’occupation. Sans
conditions. Et immédiatement. Parce que c’est criminel.
MB : Nous
sommes à Washington, un endroit où les gens ne sont pas familiers avec
les situations que vous voyez chaque semaine, en voyageant à 30 minutes
de chez vous. Ici, l’information ne passe pas, elle est très difficile
à obtenir. Quels sentiments avez vous ici, dans cette ville ?
Avez-vous eu l’occasion de discuter avec des personnes qui sont au
congrès ou à des gens qui ont une influence quelconque sur la politique
ou sur la politique étrangère des États-Unis ?
GL : Malheureusement,
non. Auparavant, il y a longtemps, quand j’étais davantage dans les
médias traditionnels, j’avais plus d’occasions de rencontrer des
députés, des officiels. Mais maintenant, je suis réellement mis au
rencart. Ici, personne ne vient me parler. Notez que je n’ai pas essayé
d’avoir ces contacts. Mais je ne sens aucun intérêt pour mon point de
vue. Les journalistes américains, pour la plupart, les hommes
politiques américains, les diplomates, ne sont pas intéressés. C’est
trop inconfortable pour eux d’entendre mes points de vue.
MB : Bienvenu dans mon
monde !
GL : En effet.
MB : Comment voyez-vous le rôle
du lobby israélien, de l’AIPAC,
par rapport à la transformation de la société juive israélienne où
vous constatez des dérives fascisantes ?
GL : Prenons la question par la
fin. J’affirme que l’AIPAC est
une organisation anti-israélienne; et non pas une organisation
pro-israélienne. Ils corrompent Israël. Ils ne sont pas les seuls, mais
ils ont lancé tout ce processus qui rend possible pour Israël de
continuer l’occupation, sans limites, sans restrictions. Ils
soutiennent ce terrible phénomène où un État comme Israël, très
soutenu, très riche, bien équipé, très puissant, reçoit un énorme flux
d’argent, année après année qui corrompt Israël. Cet argent américain
dont l’AIPAC assure la collecte, cet
argent corrompt Israël.
Et pour cela, mon
point de vue est non seulement que l’AIPAC n’est pas pro-israélien,
mais que l’AIPAC est un des plus grands
ennemis d’Israël.
MB : Sheldon Adelson ne serait
pas d’accord…
GL : Je le suppose, et pas
seulement à ce sujet-là : il serait en désaccord avec tout ce que je
dis.
MB : Il ne croit pas que les
Palestiniens existent
GL : Je suis tellement fier
d’être différent de Sheldon Adelson.
MB : Ma
dernière question : on est en campagne électorale présidentielle
[aux États-Unis]. Comment sentez-vous cette campagne électorale ?
La sortie d’AIPAC contre
Donald Trump… son adversaire Hilary Clinton, qui reçoit beaucoup de
soutien du lobby pro-israélien, beaucoup de donations aussi.
Donc, est-ce que vous avez un certain espoir que quelque chose va
sortir de cette campagne électorale ?
GL : Si
j’avais à choisir entre Hilary Clinton et Donald Trump, concernant le
Moyen-Orient, pas concernant la politique intérieure, mais concernant
le Moyen-Orient, je voterai plutôt pour Donald Trump.
Avec
Hillary Clinton, nous le savons très bien, ce sera la continuation du
soutien automatique et aveugle à l’occupation et à tous ces crimes.
Clinton le pire est assuré. Avec Donald Trump, c’est l’inconnu. Cela
peut être une catastrophe, mais jusqu’ici il a dit des choses
intéressantes, comme de vouloir être “neutre”. Cela est choquant,…
Je
ne crois pas que c’est un homme de justice, un homme de morale. Je
pense qu’il s’en fout complètement des Palestiniens, qu’il les connaît
à peine…
Quand
vous voyez tout cela, vous vous dîtes que le Moyen-Orient est encore
parti pour quatre ou pour huit ans de stagnation, de développement et
de renforcement de l’occupation. Aucun changement ne viendra des
États-Unis, des officiels, c’est sûr et c’est pour cela que je veux
revenir sur le rôle important de la société civile. Parce qu’avec ces
gouvernants, le seul espoir viendra de là : des campus
d’universités, de l’opinion publique, des activistes, des ONG et
d’individus qui vont de nouveau faire entendre leurs voix.
MB : Comment
vous faîtes pour ne pas déprimer ou devenir fou ? Comment
allez-vous survivre ces 4 ou 8 années ? Je pose la question, parce
que je me le demande pour moi-même.
GL : Qui
dis que je vais survivre ? Je ne suis pas certain.
Sérieusement, écoute-moi bien : ce sera beaucoup plus facile que tu ne
le crois. Parce que quand on croit vraiment dans ce qu’on fait, il n’ y
a pas d’autre choix.
Ce
n’est pas comme si je pouvais faire un choix. Je n’ai pas d’autre
choix. C’est ce que je crois, c’est ma profession – écrire. C’est la
mission dont je me suis chargé et personne ne peut rien y
changer. A moins que je sois expulsé, emprisonné, tué ou je ne sais pas
quoi… Aussi longtemps que je suis libre de choisir, rien ne m’arrêtera.
MB : Je
peux vous dire, quand je suis passée d’un travail dans les médias sur
la politique intérieur vers un travail sur Israël et la Palestine,
c’est votre voix, durant l’opération «Plomb Durci» en 2008-2009 qui m’a
vraiment aidé, qui m’a encouragé et je pense que ceux qui ressentent la
même chose sont innombrables. Donc comme conclusion et d’encouragement,
je voudrais vous dire : merci beaucoup.
GL : Merci, merci beaucoup.
C’est avec plaisir.
Traduction et
transcription de l’interview pour ce site : Myriam De Ly, assistée de
Luc Delval.
Vous trouverez sur ce site de
nombreux articles de Gideon Levy ou parlant de lui <http://www.pourlapalestine.be/?s=Gideon%2BLevy> .
http://www.pourlapalestine.be/gideon-levy-rien-ne-detruira-plus-surement-israel-que-loccupation/
|
|



Pour
réagir,
écrivez
nous !
|