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"PARCE
QUE J'ASPIRE A LA QUALITE D'ETRE HUMAIN"
Le
responsable de B’Tselem : Pourquoi je me suis exprimé à l’ONU contre
l’occupation
19 octobre
| Hagai El-Ad pour Haaretz
Traduction SF pour l’AURDIP|Actualités
Il n’y a aucune chance que la société israélienne, de son bon vouloir
et sans aucune aide, mette fin au cauchemar. De trop nombreux
mécanismes isolent la violence que nous mettons en œuvre pour contrôler
les Palestiniens.
Je me suis exprimé aux Nations Unies contre l’occupation parce que
j’aspire à la qualité d’être humain. Et les êtres humains, lorsqu’ils
sont responsables d’une injustice envers d’autres êtres humains, ont
l’obligation morale de réagir.
Je me suis exprimé aux Nations Unies contre l’occupation parce que je
suis israélien. Je n’ai pas d’autre pays. Je n’ai pas d’autre
citoyenneté ni d’autre avenir. J’ai grandi ici et y serai enterré. Je
me soucie du destin de cet endroit, du destin de ses habitants et de
son destin politique, qui est aussi le mien. Et, au vu de tous ces
liens, l’occupation est un désastre.
Je me suis exprimé aux Nations Unies contre l’occupation parce que les
collègues de B’Tselem et moi-même, après tant d’années de travail,
sommes arrivés à plusieurs conclusion. En voici une : la réalité ne
changera pas si le monde n’intervient pas. Je soupçonne notre
gouvernement, dans son arrogance, de savoir cela et, de ce fait, de
s’occuper à répandre la peur d’une telle intervention.
Une intervention du monde contre l’occupation est tout aussi légitime
que n’importe quelle question de droits humains. Et ce d’autant plus
qu’il s’agit d’un thème tel que notre pouvoir sur un autre peuple. Ce
n’est pas un problème israélien interne, mais une question
internationale, c’est flagrant. Voici une autre conclusion : il n’y a
aucune chance que la société israélienne de son bon vouloir et sans
aucune aide, mette fin au cauchemar. De trop nombreux mécanismes font
un cas à part de la violence que nous mettons en œuvre pour contrôler
les Palestiniens. Trop d’excuses se sont accumulées. Il y a eu trop de
peurs et d’angoisse – des deux côtés – au cours des 50 dernières
années. Au bout du compte, j’en suis sûr, Israéliens et Palestiniens
mettront fin à l’occupation, mais pas sans l’aide du monde.
Les Nations Unies, c’est beaucoup de choses. Beaucoup sont
problématiques, certaines complètement insensées. Je ne les approuve
pas. Mais les Nations Unies c’est aussi l’organisation qui nous a donné
un État en 1947 et cette décision est la base de la légitimité
internationale de notre pays, celui dont je suis citoyen. Et chaque
jour de l’occupation nous fait non seulement croquer avec délice la
Palestine, mais aussi détruire la légitimité de notre pays.
Je ne comprends pas ce que le gouvernement veut que les Palestiniens
fassent. Nous avons régi leurs vies depuis près de 50 ans, nous avons
déchiqueté leur terre en petits morceaux. Nous exerçons un pouvoir
militaire et bureaucratique avec grand succès et nous nous arrangeons
parfaitement avec nous mêmes et avec le reste du monde.
Qu’est ce que les Palestiniens sont supposés faire ? S’ils osent
manifester, c’est du terrorisme populaire. S’ils appellent à des
sanctions, c’est du terrorisme économique. S’ils utilisent des moyens
légaux, c’est du terrorisme judiciaire. S’ils se tournent vers les
Nations Unies, c’est du terrorisme diplomatique.
Il s’avère que quoi que fasse un Palestinien à part se lever le matin
et dire « merci patron, merci maître, c’est du terrorisme. Qu’attend le
gouvernement, une lettre de reddition ou la disparition des
Palestiniens ? Ils ne disparaîtront pas.
Nous ne disparaîtrons pas non plus, ni ne nous tairons. Nous devons le
répéter partout : l’occupation ne résulte pas d’un vote démocratique.
Notre décision de contrôler leurs vies, pour autant que cela nous
convienne, est une expression de violence et non de démocratie. Israël
n’a pas de raison valable de continuer ainsi. Et le monde n’a pas de
raison valable de continuer à nous traiter comme il l’a fait jusqu’à
présent – que des mots et pas d’action.
Je me suis exprimé au Conseil de Sécurité de l’ONU contre l’occupation
parce que je suis optimiste, parce que je suis Israélien, parce que je
suis né à Haïfa et que je vis à Jérusalem, et parce que je ne suis plus
un jeune homme et que chaque jour de ma vie a été marqué par le
contrôle que nous exerçons sur eux. Et parce qu’il est impossible de
continuer ainsi.
Nous ne devons pas continuer ainsi. Je me suis exprimé au Conseil de
Sécurité de l’ONU contre l’occupation parce que j’aspire à la qualité
d’être humain.
Hagai El-Ad
est le directeur exécutif du groupe de défense des droits humains
B’Tselem.
- Discours de Hagai El-Ad lors d’un débat sur les colonies au Conseil
de Sécurité des Nations Unies, B’Tselem
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