Commentaires
critiques d'UAVJ sur
l’initiative Balfour
Le Forum
Palestine Citoyenneté organise un Colloque (04/11/2017) dont le titre
principal
s’énonce :
« DÉCLARATION
DE BALFOUR DOCUMENT PIVOT DE L’HISTOIRE DE LA PALESTINE »
Une
Autre
Voix Juive conteste certaines des affirmations de lancement de ce
Colloque et
celles-ci sont suffisamment importantes pour qu’elle ne puisse s’y
joindre ou
la soutenir.
Ce qui
suit
vise à éclairer ces éléments contestables. Comme tout point de vue à
visée
politique, UAVJ comprend que ses réserves bien qu’historiquement
justifiées ne
fassent pas accord. D’autres éléments contenus dans l’annonce du
Colloque sont
cohérents avec ce que défend UAVJ mais ils n’en constituent pas
l’essentiel.
- L’annonce
du Colloque contient la déclaration intégrale ; mais curieusement
ensuite, seule une partie en est retenue conformément à une longue et
douteuse tradition. Le texte appelé « Déclaration
Balfour » est en fait une simple Lettre adressée à Lord
Rothschild. Elle n’a de ce fait aucune valeur juridique et ne constitue
en rien un quelconque engagement de la Grande Bretagne relativement à
l’établissement sur le sol de la Palestine historique, mandataire, d’un
Etat juif. Le texte peut être tourné dans tous les sens sans qu’on
puisse en extraire autre chose que des formules creuses et assujetties
à des conditions formelles que la suite de l’Histoire rendra caduques.
Extorquée par des pressions successives de la Direction du mouvement
sioniste – lequel à l’époque est à la fois très minoritaire chez les
citoyens juifs d’Europe et de Russie , nul au Proche Orient arabe , et
peu unanime sur la notion de « foyer national juif » , encore
moins sur le lieu de son implantation-, sur de hauts Responsables
Britanniques dont Lord Balfour , elle ne satisfait de par son caractère
même, nullement, les dirigeants du Mouvement sioniste ; avant la
deuxième guerre mondiale, il n’existe pas la plus petite trace de la
volonté de la Grande Bretagne de contribuer à l’établissement d’un Etat
juif en Palestine . C’est si vrai qu’après la seconde guerre mondiale
où a lieu le vote de l’ONU relatif au partage de la Palestine
historique en deux Etats, la Grande Bretagne s’abstient. Le
vote de l’ONU ne fait d’ailleurs AUCUNE référence à ce document et ne
s’en réclame pas. Il fait suite à une mission exploratoire de la Grande
Bretagne avant la seconde guerre mondiale mais ne s’inspire que très
partiellement de ses conclusions, lesquelles au demeurant furent
rangées dans un tiroir pour ne pas en ressortir.
Il est
donc
contraire à la vérité de faire de cette « Déclaration » qui
ne mérite
pas son nom le « pivot de l’Histoire de la Palestine ».
- Accrochés
à leurs idées initiales lesquelles se renforcent, se développent et se
clarifient notamment avec la seconde génération de dirigeants du
Mouvement sioniste, ceux-ci voient dans la tragédie révélée par
l’effondrement du fascisme et du nazisme , tragédie sans exemple par
son ampleur et sa conception méthodique , une OCCASION de pousser leur
avantage et brandiront constamment une partie tronquée du document
appelé « Déclaration Balfour » ; ce faisant on ne peut
qu’être surpris de voir le Colloque reprendre sans critique le
fondement même de la propagande sioniste de l’époque . Le fait que
nombre de citoyennes et citoyens en Europe et au Proche Orient soient
bernés par cette propagande n’y change rien. Le document appelé
« Déclaration Balfour » n’autorise rien qui ressemble à un
Etat juif sur le territoire de la Palestine mandataire. Les clauses
contenues dans ce document parfaitement imprécis qui assujettissent une
promesse vide, seront d’ailleurs foulées aux pieds par les dirigeants
sionistes au premier rang desquels D Ben Gourion.
- Cela
n’est pas à dire que la Grande Bretagne ne porte aucune responsabilité
dans ce qui suit le vote de l’ONU sur le partage de la Palestine
mandataire. Au moment où le document Balfour est transmis à Lord
Rothschild, le Gouvernement de Sa Majesté a des vues sur l’organisation
politique du Proche Orient et ces vues ne sont pas clarifiées ; en
tout cas, l’utilisation de colons juifs en Palestine, en nombre limité,
comme détachements avancés de sa politique ultérieure dans un monde
arabe en proie aux spasmes sociaux , politiques et religieux , lui
semble une opportunité . Le cynisme Britannique est sans borne :
les conflits opposeront Juifs et Musulmans et le Gouvernement
britannique tirera en temps utile les marrons du feu. Tel est le calcul
le plus vraisemblable. Dès avant la guerre mondiale en effet , les
spasmes du monde arabe sont pour lui sans équivoque : le temps de
la présence coloniale est révolu ; il faut donc penser à la
suite ; ce n’est rien d’autre que la politique suivie en Inde et
la création d’un Etat fantoche comme le Pakistan composé
essentiellement de musulmans ennemis déclarés de l’hindouisme ;
ici aussi , on tente de contrecarrer les volontés du peuple indien de
liquider la présence coloniale britannique haïe , en créant des
conflits d’origine ethnico – religieux pour préserver la domination
britannique sous une forme différente .
- L’élément
le plus grave aux yeux de UAVJ qui légitime son désaccord profond avec
les objectifs de ce Colloque est l’absence de toute référence aux
résolutions de l’ONU après la seconde guerre mondiale. De ce fait, il
est légitime de se demander quel objectif réel poursuit une telle
initiative. Il est évident que le développement actuel de la politique
israélienne et la colonisation à outrance qu’il poursuit dans les
territoires occupés de Palestine là où l’ONU prévoyait l’établissement
de l’Etat palestinien pose des questions nouvelles et très importantes
relativement à la réalisation des droits fondamentaux, inaliénables du
peuple palestinien. Ces questions ne semblent pas faire l’objet du
Colloque ; compte tenu de l’absence de toute référence aux
résolutions de l’ONU il est légitime de se demander si les
organisateurs ne franchissent pas le stade consistant à les enterrer
purement et simplement. Un tel point de vue est pour UAVJ
inacceptable ; de deux choses l’une : ou bien il est légitime
de s’emparer des résolutions de l’ONU pour imposer à la politique
israélienne un autre cours , l’abandon de la colonisation et du régime
d’apartheid qu’elle a instauré dans les territoires occupés , la
contraindre à se plier aux injonctions contenues dans la résolution de
l’ONU qui a créé deux Etats sur le territoire de la Palestine
mandataire , injonctions et principes auxquelles Israël est
historiquement lié , injonctions et principes rappelés dans sa
Déclaration d’Indépendance et condition même de sa reconnaissance par
l’ONU , ou bien on décide d’effacer d’un trait de plume des décennies
d’histoire internationale , on décide que l’ONU n’a plus de légitimité
. Il est évident que les retraits actuels des Etats Unis d’Amérique et
conjointement d’Israël de l’UNESCO constituent des actes graves qui
mettent en péril la légitimité d’Israël comme Etat dans les frontières
qui prévalaient avant 1967. Ce Colloque semble s’aligner sur ces
positions qui constituent un danger majeur non seulement pour le Proche
Orient mais toute l’Humanité. Adopter ces positions irresponsables
conduit à accepter de facto la disparition du droit des nations, et
remplacer l’ONU – dont personne -- et UAVJ en particulier -- ne nie la
nécessité de la réformer en profondeur pour faire en sorte que les
résolutions qui en sont issues deviennent implémentables et aient force
de Loi Internationale – par la loi de la jungle et les guerres sans fin
au plan mondial. Ce n’est pas rendre service aux droits fondamentaux du
peuple palestinien dont les représentants qualifiés ont marqué ces
dernières années des points considérables au plan mondial. Et avant
tout, ces actes agressifs et inconsidérés sont avant tout le signe d’un
affaiblissement croissant, d’un isolement croissant au plan mondial des
Etats Unis comme d’Israël ; ces actes sont de courte portée et ne
peuvent par eux -mêmes effacer le maintien de l’ONU. Rien de tout cela
n’est même marginalement évoqué dans les thématiques du Colloque.
Le
Colloque, en faisant du document appelé
« Déclaration Balfour » le pivot de l’Histoire de la
Palestine,
semble indiquer – bien que ce ne soit pas explicite – que dès la date
de ce
document sans portée juridique – il existait un sentiment national
palestinien.
C’est là une hypothèse que rien, aucun document ne vient étayer ;
la
résolution de 1948 de l’ONU fut refusée » par les Etats Arabes et
ils
entrèrent en guerre immédiate – bien que non coordonnée – contre l’Etat
d’Israël nouvellement proclamé. Mais ce refus et cette guerre qui
conduisirent
en effet à l’expulsion de centaines de milliers d’Arabes palestiniens
par les
forces armées israéliennes , aux exactions commises par ces mêmes
forces avec
le soutien tacite ou explicite des dirigeants d’Israël , ne furent à
aucun
moment portés par le principe du soutien à une lutte – inexistante à
l’époque –
du peuple palestinien pour ses droits fondamentaux mais par le refus y
compris
militaire de l’existence d’Israël en tant qu’Etat en Palestine . Ce
rappel ne
légitime en rien les actions criminelles commises par les dirigeants
israéliens
et les forces armées d’Israël ; il vise à montrer que les silences,
ambigüités
et déformations historiques portées par l’annonce de ce Colloque
justifient
pleinement que UAVJ n’y apporte pas son soutien et rende sa position
publique .
Ce colloque ne sert ni les intérêts d’une Paix juste, durable et
négociée au
Proche Orient ni ceux du peuple palestinien
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