Nous,
représentants d’organisations de la société civile et de syndicats
européens, israéliens et palestiniens œuvrant à la promotion de la
justice sociale et d’une résolution juste et durable du conflit
israélo-palestinien, fondée sur la fin de l’occupation israélienne du
Territoire palestinien et la mise en œuvre de la solution à deux États,
nous sommes réunis pour lancer cet appel conjoint et urgent à l’Union
européenne, aux États membres de l’UE, ainsi qu’aux autres pays
européens, afin qu’ils reconnaissent sans délai l’État souverain de
Palestine et qu’ils promeuvent son statut d’État membre à part entière
à l’Assemblée générale des Nations unies.
2023
marquera le 75ème anniversaire de l’adoption de la résolution 181 des
Nations unies sur le partage de la Palestine et la création de l’État
d’Israël. Pourtant, le peuple palestinien reste sous le joug de
l’occupation israélienne, pris en otage par la volonté d’Israël de
négocier son avenir, sans qu’aucune fin ne soit en vue. La bande de
Gaza est assiégée et en proie à une crise humanitaire, Jérusalem-Est et
les villages palestiniens de sa périphérie sont annexés illégalement
depuis 1967, et l’empiètement d’Israël sur les terres palestiniennes en
Cisjordanie se poursuit sans relâche, menaçant la viabilité d’un futur
État de Palestine, en violation flagrante de la 4ème Convention de
Genève et du droit international coutumier.
L’Organisation
internationale du travail (OIT), qui lutte pour la justice sociale
depuis plus de 100 ans, a exprimé à plusieurs reprises son opposition
aux colonies israéliennes sur le Territoire palestinien occupé,
conformément à la résolution 2334/2016 du Conseil de sécurité de l’ONU,
qui réaffirme que les colonies n’ont aucune validité juridique et
constituent une violation flagrante du droit international. L’OIT a mis
en évidence l’impact de l’occupation sur les travailleurs palestiniens,
en particulier les femmes et les jeunes, et a mené des efforts pour
promouvoir le travail décent en Palestine par le biais du dialogue
social. La reconnaissance de l’État de Palestine et la
responsabilisation des entreprises en vertu du droit international
contribueraient à mettre fin aux pratiques de travail abusives d’Israël
et à son exploitation des travailleurs palestiniens.
De
nombreuses résolutions de l’ONU, soutenant le droit du peuple
palestinien à l’autodétermination, s’opposant à l’entreprise de
colonisation illégale d’Israël et appelant à des négociations entre les
parties, n’ont pas réussi à obtenir une issue au conflit. Trente ans
après le lancement de la Conférence de paix de Madrid, le peuple
palestinien reste apatride et continue d’être privé des droits civils
et humains les plus élémentaires, tandis que le gouvernement israélien
continue d’acter unilatéralement l’annexion de fait à l’intérieur et
autour de Jérusalem-Est et en Cisjordanie par l’expansion des colonies.
Nous
appelons l’Europe à reconnaître l’urgence et à prendre la tête d’une
initiative diplomatique visant à parvenir à une résolution juste et
durable de ce conflit de longue date, en s’appuyant sur trois principes
directeurs de la résolution des conflits : le multilatéralisme, la
défense des droits humains et le respect de l’État de droit. La
reconnaissance de l’État de Palestine est un pas important vers cet
objectif. L’engagement pris par l’Europe dans la déclaration de Venise
de juin 1980, qui reconnaît le droit du peuple palestinien à exercer
pleinement son autodétermination, doit être mis en œuvre sans plus
attendre.
La
reconnaissance de l’État de Palestine sur la base des frontières de
1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, est impérative pour fournir
aux Palestiniens un horizon diplomatique et créer une parité d’estime
entre les parties avant les négociations.
Nous
demandons instamment aux institutions européennes, aux organisations de
la société civile, aux syndicats et à l’ensemble des citoyens de se
joindre à nous dans cet appel afin de contribuer à la réalisation d’une
solution à deux États et d’une paix juste dans la région en plaidant
localement, nationalement et internationalement pour la reconnaissance
de l’État de Palestine.
Les
premiers signataires en France sont : AFPS, CGT, FSU, LDH, Le Mouvement
de la Paix, MRAP, REF – Réseau Euromed France, Solidarité laïque, UAVJ.