Informations à cnnaître dans le débat
sur apartheid
1)
La question de la
dénomination d'Etat d'Apartheid fait l'objet depuis quelque temps de
batailles
internes au CNPJDPI, qui groupe une quarantaine d'orgas (AFPS, MRAP,
FSU, CGT,
UAVJ, NPA, PCF, LFI, PG, Mouvmt de la Paix, UJFP, collectifs locaux,
etc.) qui,
en principe, acceptent la Charte du CNPJDPI, laquelle mentionne comme
objectif
une solution à deux Etats "pour une Paix Juste entre Palestiniens et
Israéliens".
2)
LES
IMPLICATIONS DU
« DEBAT »
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Si
personne au sein du CNPJDPI ne conteste un régime
d’apartheid dans les Territoires occupés – celui-ci étant constatable à
l’œil
nu sans recours à un juridisme toujours sujet à caution
, il n’en est pas de même pour caractériser
la politique israélienne en Israël dans les frontières de 1967. Le
débat n’a
rien de symbolique ou sémantique. Aujourd’hui encore des militants
de
l’AFPS expliquent qu’il s’agit de démanteler le système d’Apartheid,
pas l’Etat
d’Israël …Mais il faut être clair : déclarer Israël Etat
d’Apartheid ou,
ce qui est son jumeau, qu'Israël pratique une politique d’Apartheid sur
son
territoire, conduit inéluctablement à la seconde étape qui est sa
délégitimation comme Etat-Membre de l’ONU.C’est là ce que vise
explicitement un
sous-groupe interne au CNPJDPI qui ne fait pas mystére de son opinion
selon
laquelle la décision de l’ONU sur le partage de la Palestine historique
était
une « erreur ». Ce sous groupe veut constituer un "2ème pôle
pro-palestinien" en alliance avec le PIR et la
CAPJPO et d'autres comités locaux qui eux
aussi contestent la légitimité de l'Etat d'Israël et militent pour son
remplacement par un Etat unique pour les deux peuples, comme l'Etat
d'Apartheid
a été remplacé par un Etat pour tout le peuple d'Afrique du Sud,
revendication de
l'ANC représentant de la partie ultra majoritaire du peuple.
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Se
posent alors des questions essentielles : si
Israël est un Etat d’Apartheid ou le pratiquant, cette qualification
est du
ressort de l’ONU, pas de tel ou tel groupe d’individus, a fortiori d’un
seul
Etat-membre de l’ONU . Ce pas n’a, pour l’heure jamais été
franchi : en
effet , si » la loi sur l’Etat-nation du peuple juif »
constitue à
l’évidence un pas dans cette direction
non seulement elle n’a fait l’objet que d’un vote
loin d’être ultra
majoritaire, mais de plus elle ne saurait annihiler la Déclaration
d’Indépendance laquelle fonde l’admission d’Israël comme Etat-Membre de
l’ONU
et le lie à ses Résolutions. C’est là un problème majeur pour les
dirigeants
israéliens mais le CNPJDPI ne saurait tenter de le
« résoudre » pour
eux, en anticipant une évolution
possible mais devant surmonter un obstacle cardinal.
A cela s’ajoute le
fait que la force progressiste principale
en Israël ne revendique une telle
caractérisation : les plus
conséquentes d’entre elles représentent le troisième groupe le plus
important à
la Knesset : les ignorer ou les mépriser est de la part des forces
progressistes françaises impensable.
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La
caractérisation d’Israël par l’ONU comme Etat
pratiquant l’ Apartheid sur son territoire, l’exclurait ipso facto
de
l’ONU. Si tel devait être le cas – raison pour laquelle les dirigeants
israéliens se gardent de décisions inconsidérées tout en encourageant
les pires
discriminations quotidiennes – il devrait être évident pour tout esprit
sensé
que la région toute entière s’enflammerait dans un chaos
indescriptible.
Pousser à cette caractérisation c’est jouer avec le feu. Que signifie
alors
concrètement « démanteler la politique d’Apartheid » si
l’Etat
israélien reste intact ? Il est évident que dans le cas de
l’ Afrique
du Sud, le démantèlement fut décidé par la majorité écrasante de la
population
et non par une quelconque force extérieure.S’il s’agit d’abroger la Loi
sur
l’Etat-nation , pourquoi ne pas le dire ?
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Les
postures soi-disant "radicales" qui
définissent, à la place des deux peuples concernés la solution pour une
Paix
Juste et Durable sont en fait un recul de près de 50 ans sur les
positions
définies par Yasser Arafat, et un abandon de la solidarité
internationaliste
avec toutes les forces progressistes, en Israël, en Palestine et dans le monde qui se battent pour les
droits nationaux palestiniens, sans remettre en cause les droits du
peuple
israélien (et ne parlons
pas de "peuple juif" ou
"d'ethnie juive" qui sont des concepts soit sans fondement rationnel,
pour l'un, soit un concept raciste pour l'autre). Y a-t-il, oui ou non
un
peuple israélien, de formation récente,
indiscutable ? Si oui, ce peuple, dominé à l'heure
actuelle politiquement
par des forces de droite et d'extrême droite, n'a-t-il pas besoin qu'on
appuie
les forces progressistes, comme la Liste Unique ( 13 députés à la
Knesset sur
140) qui mène , au sein d'un front judéo-arabe (judéo-palestinien si on
préfère) "un combat commun pour un avenir commun " ?
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Le
boycott utile est celui qu'a défini le
CNPJDPI. Il concerne les produits des colonies, les
organisations,
entreprises et institutions qui
collaborent à- ou profitent de- la colonisation. La
Liste Unique
s'oppose à la loi inique et raciste sur l'Etat Nation du peuple juif.
Si on
vise cette loi et
les autres discriminations visant en
Israël les citoyens non juifs, et pas la mise en cause de l'existence
d'Israël,
n'est-il pas impératif d'appuyer les forces qui se battent sur place,
au lieu
de définir les objectifs à leur place? Sait-on, par exmple que la
branche
israélienne d'Amnesty International n'est pas d'accord avec la
définition de la
maison mère ?
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Le jour
ou les deux peuples décideraient souverainement
de former une structure étatique unique et d'abandonner leurs
revendications
nationales respectives, cette solution ne soulèverait d’objection de
nulle
part. Mais ce n'est à l'heure actuelle pas le cas. Il y a, c'est vrai,
notamment de la part des USA, de la France,
de l'Union Européenne des promesses vagues, creuses
et trompeuses . Le
combat pour contraindre, par exemple, notre gouvernement, à des actes
efficaces
est difficile. Est-ce une raison pour abandonner la pression pour que
Macron
reconnaisse l'Etat de Palestine? Les orgas du CNPJDPI qui promeuvent la
définition "Etat d'Apartheid" ont empêché depuis plusieurs années que
le Collectif National, qui devrait être en France l'organisation
principale de
la lutte pour les droits du peuple palestinien, d'inscrire la
revendication de "reconnaissance
de l'Etat de Palestine" dans ses textes. Pourquoi? Parce que
reconnaître
l'Etat de Palestine serait reconnaître les résolutions de l'ONU et la
légitimité de l'Etat d'Israël. En quoi cet abandon est-il un succès ?
Avance-t-il d'un iota la cause du peuple palestinien? Nous considérons au contraire que c'est un succès pour
l'ambassade d'Israël qui est à la manoeuvre et soutient en sous main
les
groupes provocateurs. Comme on voit, les arguments de ceux qui
combattent la
définition de l'Etat d'Israël comme Etat d'Apartheid, imposé par une
« ethnie », sont solides.
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