A PROPOS DU
PROJET DE RESOLUTION 1082
SUR L'APARTHEID (22 mai 2023)
Nous
exprimons notre préoccupation
relativement aux attendus de la Résolution 1082 rejetée par l’Assemblée
Nationale.
L’aune
à
laquelle, selon Une Autre Voix Juive, mesurer toute initiative
progressiste
pour un règlement négocié, durable, et juste, du conflit du Proche
-Orient est
de savoir si elle fait progresser la cause des droits fondamentaux du
peuple
palestinien. La réponse, dans ce cas précis, est négative,
pour plusieurs raisons.
Certes, il y a apartheid dans les
territoires occupés par Israël : des colons
suprémacistes, par
ailleurs juifs, et soutenus par la politique
et par l'armée israélienne font régner la terreur et
l’arbitraire sur
les populations palestiniennes ; cela appelle une terminologie et
une
condamnation qu’aucun recours à des textes juridiques n’a besoin de
légitimer.
La même situation a prévalu en Algérie lors d’une guerre
coloniale menée par la France.
Deux
« sanctions » s’imposent pour la politique de notre pays
comme
pour l’U.E.. Il faut reconnaître l’Etat de Palestine et suspendre
l’Accord d’Association UE/Israël.
UAVJ le demande de façon réitérée. Le refus qu' Israël soit représenté
par un
ministre ouvertement fasciste, ne fait que souligner la duplicité des
orientations
politiques de l’Union Européenne.
Analyser
la situations dans les territoires occupés en terme d'apartheid est une
chose. Déclarer Israël
Etat d’apartheid est tout autre, et
comporte des conséquences de premier ordre.
Cela conduit à mettre l’Etat d’Israël hors de l’ONU. Son appartenance à
l'ONU
repose exclusivement sur sa Déclaration d’Indépendance, qui ne peut
être mise
sur le même plan qu’une loi, certes gravissime, votée à une courte
majorité à
la Knesset. La résolution 1082 ne s’y réfère pas : c'est
problématique.
S’il s'agit-il d’exiger que l’Etat d’Israël se conforme
aux engagements souscrits par cette
Déclaration, pourquoi ne pas le
dire ? Le texte laisse planer l’incertitude . D’autres voix,
dans
notre pays, avec les mêmes attendus, considèrent le vote de l’ONU de
1947 comme
caduc et caduque la « solution à deux Etats » que,
cependant ,
le texte de la résolution dit soutenir.
Si
des
voix courageuses en Israël dénoncent la politique de leur gouvernement
en
recourant aux termes d'apartheid, les forces politiques israéliennes
les plus
progressistes ne le font pas et poursuivent sans désemparer « Un combat
commun pour un avenir commun ». Au
plan mondial, des dirigeants comme le Premier Ministre palestinien ou Leïla Shahid, pour ne prendre que ces
exemples, ne parlent pas d'apartheid. Devons-nous choisir et à quel
titre ?
UAVJ dénonce l'aggravation des orientations
israéliennes actuelles. La tendance fascisante accompagnée d’un projet d’apartheid n’ est que trop visible. Comme
l’est la réaction massive de l’opinion israélienne à ces tentatives
qui, pour
l’heure, ont échoué. En France, devons-nous préférer la stigmatisation
anticipée plutôt que contribuer à créer le mouvement d’opinion
irrépressible
vers la solution pacifique, juste et négociée de deux Etats côte à côte? On peut en douter. Si s’ajoutent des attendus
sur la domination » d’un « groupe » sur un
autre,
après avoir supprimé la référence « raciale », UAVJ peut être
préoccupée ; elle n’accepte pas que
nos concitoyens juifs ou se reconnaissant tels soient considérés comme
portant
une responsabilité dans la politique d’un Etat qui n’est pas le leur et
repousse avec indignation toute tentative de cet Etat de parler en leur
nom.
https://www.humanite.fr/en-debat/israel-palestine/israel-et-l-etat-d-apartheid-notre-preoccupation-795771
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