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Juive
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Ce texte non écrit par UAVJ est une tribune du "Monde"
du 30/01/2024, à différencier du "Manifeste UAVJ" de 2003
"
Nous, Françaises juives et Français juifs, appelons à un cessez-le-feu
immédiat et durable à Gaza "
La recherche d’une paix juste et durable est la seule alternative à l’«
épuration ethnique » à laquelle
aspirent les « fous de Dieu » des deux camps, palestinien et israélien,
affirment, dans une tribune au
« Monde », une soixantaine de personnalités juives, parmi lesquelles
l’économiste Pierre Khalfa et
les universitaires Sophie Bessis et Véronique Nahoum-Grappe.
Après cinquante-sept années d’occupation accompagnée d’humiliations,
d’expulsions de leurs
maisons et de leurs terres, d’emprisonnements arbitraires, de meurtres
multiples, d’implantation de
colonies et d’échecs de différentes actions pacifiques, on peut
comprendre que de nombreuses
Palestiniennes et de nombreux Palestiniens refusent de condamner
l’action du Hamas du 7 octobre
en la considérant comme un acte légitime de résistance à la
colonisation et au terrorisme d’Etat
d’Israël.
On peut aussi comprendre qu’après les 1 200 meurtres, les viols, les
violences sexuelles et
l’enlèvement de près de deux cents otages, dont une majorité de civils,
de nombreuses Israéliennes et
de nombreux Israéliens soutiennent les actions meurtrières de l’armée
en les considérant comme une
réponse légitime aux actions du Hamas. Toutefois, nous condamnons tous
ces actes terroristes.
Ce n’est pas parce que juives et juifs que nous condamnons les actes
terroristes et les crimes de guerre
que constituent les meurtres, les viols, les violences sexuelles et les
enlèvements de civils perpétrés
par des commandos du Hamas. Ce n’est pas bien que juives et juifs que
nous condamnons les actes
terroristes et crimes de guerre que sont les bombardements,
destructions et massacres massifs, en très
grande majorité de femmes et d’enfants, commis par l’armée israélienne
et les colons à Gaza et en
Cisjordanie depuis plus de trois mois.
C’est parce que nous sommes attachés à la dignité de toute personne
humaine que nous les
réprouvons, sans considérer que les Palestiniens ou les Israéliens
seraient criminels ou terroristes par
nature.
Au nom de ce passé
Cette condamnation n’est pas sans liens avec notre judéité, une
composante parmi d’autres de nos
identités multiples, un héritage familial qui rattache certains des
signataires à l’histoire du génocide
des juifs d’Europe. Une grande partie des familles de celles et ceux
d’entre nous qui sont originaires
d’Europe centrale et orientale a été assassinée par les nazis et leurs
collaborateurs locaux au cours de
la Shoah.
Certains d’entre nous, de nos parents et de nos grands-parents ont
survécu à la chasse aux juifs menée
par la Gestapo et la police de Vichy. Refusant d’obéir aux injonctions
à se déclarer juifs et à porter
l’étoile jaune, ils ont choisi de résister, de se cacher et de cacher
leurs enfants. Beaucoup parmi eux
ont échappé à la mort grâce à la solidarité et à la désobéissance
civile de Français non juifs qui les
ont cachés au péril de leur propre vie, sans demander qui ils étaient,
ni d’où ils venaient.
C’est aussi au nom de ce passé que nous affirmons qu’il est illégitime
et ignoble de justifier le
massacre de dizaines de milliers de civils gazaouis et cisjordaniens au
nom du génocide des juifs
d’Europe, auquel le peuple palestinien n’a en rien participé. Avec
beaucoup de juives et de juifs à
travers le monde, y compris en Israël, nous dénions au gouvernement
Nétanyahou et à ses soutiens le
droit, en se prévalant de la Shoah, d’agir à Gaza et en Cisjordanie en
notre nom et en celui de nos
ancêtres.
Pour autant, comprendre ce que ressentent les deux peuples, ce n’est ni
excuser ni justifier les crimes
de guerre. Rien n’excuse ni ne justifie le choix du Hamas de cibler
délibérément des civils. Si nous
soutenons le peuple palestinien quand il revendique, y compris par la
lutte armée contre l’armée
israélienne ou les colons armés, ses droits nationaux face à Israël, et
auparavant contre le colonisateur
britannique, cette juste fin ne légitime pas tous les moyens.
L’histoire montre que ceux qui se livrent
à de tels actes dans leur combat pour l’indépendance en arrivent
ensuite à les reproduire contre leur
propre peuple.
À égalité de dignité et de
droits
Rien ne peut davantage excuser ni justifier le traitement par Israël
des Palestiniens comme des
« animaux humains ». Rien ne peut justifier la destruction de maisons,
d’hôpitaux, d’écoles, de routes,
de quartiers voire de villes entières, la privation de nourriture,
d’eau et de soins, les déplacements
forcés, ni les assassinats en masse. Rien ne peut justifier les
encouragements et les soutiens aux colons
armés qui exproprient et tirent à vue sur des Palestiniens de
Cisjordanie.
Rien ne justifie ou n’excuse l’antisémitisme, le racisme anti-arabe,
l’apartheid. On ne peut ni justifier
ni excuser la négation de l’existence et des droits des peuples
palestinien et israélien. La haine sans
cesse alimentée, le fondamentalisme religieux et le recours au
terrorisme que partagent les dirigeants
du Hamas et les dirigeants israéliens actuels ne peuvent qu’engendrer
la guerre sans cesse
recommencée.
En transformant leur « Terre sainte » en charnier, ils se renforcent
réciproquement. Ils empêchent
toute solution politique, la seule issue, même si sa forme est
difficile à prévoir, pour que ces peuples
puissent un jour vivre en paix, à égalité de dignité et de droits. La
recherche d’une paix juste et durable
est la seule alternative à l’épuration ethnique à laquelle aspirent les
fous de Dieu des deux camps.
Nous sommes solidaires des familles des otages israéliens comme des
familles des prisonniers
palestiniens, solidaires de celles et ceux qui, en Israël, combattent
la sale guerre en cours, et solidaires
de celles et ceux qui subissent les massacres à Gaza et en Cisjordanie.
Comme des millions de
personnes à travers le monde, nous exigeons un cessez-le-feu immédiat
et durable, ainsi que la
libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.
Nous appelons le gouvernement français à œuvrer, notamment au sein des
instances internationales,
au cessez-le-feu immédiat et durable.
Auteurs : Edgar Blaustein, militant associatif ; Dominique Glaymann,
professeur émérite de
sociologie, université d’Évry, université Paris-Saclay ; Claude Szatan,
militant associatif.
Premiers signataires : Sophie Bessis, historienne ; Rony Brauman,
ex-président de Médecins sans
frontières ; Régine Dhoquois-Cohen, juriste, militante associative ;
Alain Cyroulnik, syndicaliste
FSU ; Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic ; Danièle Lochak,
universitaire ; Pierre
Tartakowsky, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme ;
Véronique Nahoum-
Grappe, chercheuse en sciences sociales, Paris ; Dominique Vidal,
journaliste et historien.
25 février 2024
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