A
propos de déclarations de Rima Hassan
Rima
Hassan a fait l'objet de déclarations
haineuses de la part de plusieurs journaux et personnalités de droite.
Une Autre
Voix Juive condamne ces
déclarations, mais souhaite
discuter certains aspects de son
positionnement .
Candidate
LFI aux élections
européennes, elle s’est exprimée à deux
reprises sur le conflit du Proche -Orient
Dans la
première, datée du 7/11/2023 on
l'interroge : « Et
à plus long terme ? Vous insistez sur le fait que la fameuse
« solution à deux États » est caduque… ». Réponse :"Oui, tout le monde le sait. La seule solution viable est
un État binational
démocratique et laïc. ».
Dans la
seconde, datée du 15/03/2024 elle
déclare :
« Si on peut agir
politiquement au Parlement
européen, il faut tenter de sauver un Etat palestinien au côté de
l’Etat
israélien. »
On
ne peut avoir que sympathie
pour
un horizon où sur le territoire de la Palestine historique, coexistent
dans un
même Etat laïc, démocratique des populations marquées par le tragique
de
l’Histoire de façon différente, décidées à abandonner les
haines et
les ressentiments.
Mais telle
n’est pas la signification de
la première déclaration. La seconde
traduit une évolution sensible, mais
elle exprime une forme
de
pis-aller. Après les tragédies subies
par les deux peuples israélien et palestinien, on peut
espérer voir l’Histoire sur un temps long
trouver une solution qui leur convienne, dans la coopération et
l’entente
mutuelle. Nous en sommes loin. Le gouvernement actuel israélien et ceux qui l’ont précédé ont une responsabilité
écrasante, comme les actes de terreur du Hamas.
Il nous
faut aujourd'hui construire un
avenir débarrassé des cauchemars. Cette construction commence avec la
reconnaissance de deux peuples distincts ayant chacun droit à un
Etat :
l’opinion que l’on peut avoir à titre personnel compte peu. De même, la
discussion sur les origines du conflit peut remplir les salles de
colloques
pour des années. Mais la solution
politique, elle, ne peut attendre.
Le débat
sur les origines n’a que peu
d’intérêt. En 1948, l’ONU décida de la création de deux Etats sur le
territoire
de la Palestine historique. En prévoyant explicitement un Etat à
majorité juive et un Etat à majorité arabe, l’ONU s’écartait déjà
d’une
conception confessionnelle que l'extrême droite israélienne
cherche à
établir par des méthodes inacceptables pour les deux peuples. En
adhérant à l’ONU, Israël déclarait
souscrire aux principes de sa Charte. Quoi
qu’on pense
de cette décision, le temps a fait son œuvre. Il l’a fait dans
deux
directions : le peuple israélien d’aujourd’hui a peu à voir avec
celui des
origines. Le gouvernement actuel viole
quotidiennement sa Déclaration d'Indépendance, ce qui lui vaut une
opprobre
méritée sur toute la planète. Côté palestinien, en dépit de massacres
et
d’exactions de toutes sortes, l’idée nationale
s’est raffermie, gagnant pas à pas
la reconnaissance mondiale. Aujourd’hui les voix pour la reconnaissance complète de l'Etat de
Palestine comme Etat-membre de l’ONU se multiplient. C’est
à quoi devraient s’employer des
parlementaires de gauche au Parlement Européen. Or
ce n'est pas un pis aller mais une grande
victoire sur le principe évidemment, pour donner au peuple palestinien
le
support politique dont il a manqué par
pusillanimité et cynisme des puissances occidentales.
Grande victoire aussi sur la politique
actuelle du gouvernement israélien, et qui conduirait à renforcer
le camp
des forces de paix en Israël.
D’autres
considérations seraient à relever
dans les propos de Rima Hassan mais l’essentiel est qu'on ne construit pas
une Paix durable juste et négociée avec des restrictions mentales.
Commençons
par donner aux deux peuples un
avenir autre que les souffrances, la haine
et la guerre sans fin : l’Histoire se chargera
de la suite.
22 mars
2024
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