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    Stéphane  Hessel :  Un silence regrettable

Stéphane Hessel, militant passionné des droits de l’homme et du droit des peuples, avait, il y a dix ans, fait partie, avec Raymond Aubrac et d’autres,  d’un voyage de citoyens français juifs en Palestine, pour alerter l’opinion française.  Ils  s’opposaient ainsi aux tentatives de la propagande israélienne et de ses porte-voix en France pour  criminaliser comme antisémite toute critique de la colonisation, et de ses crimes.

C’est au retour de ce voyage  que Stéphane Hessel   revendiquait haut et fort   ses origines juives,  en apposant sa signature au bas d’un  manifeste. Ce dernier établissait, à rebours de la propagande du CRIF, l’existence en France d’un courant d’opinion significatif parmi les citoyens français juifs, ou d’origine juive, qui soutiennent sans réserve les droits nationaux palestiniens et luttent pour leur réalisation, pour le droit de tous les peuples du Proche Orient à vivre dans la paix l’indépendance, la sécurité, avec l’Etat de leur choix.

A l’occasion de la tuerie de Toulouse, dont c’est l’anniversaire, les reportages montrent que des courants violents importés d’ailleurs, trouvent  une proie de choix dans une jeunesse frappée par la crise. Ils cherchent non sans succès,  à disséminer l’idée que le conflit du Proche–Orient  opposerait juifs et musulmans.  Ils jettent le voile de l’obscurantisme sur  l’analyse, confortée par l’action de Stéphane Hessel, suivant laquelle le conflit oppose les forces d’émancipation humaine, aux côtés des forces démocratiques des  peuples palestinien et  israélien, aux forces d’oppression du colonialisme et du racisme, au pouvoir pour l’instant en Israël.

A l’occasion des éloges funèbres prononcés tant aux Invalides qu’au cimetière Montparnasse, et de multiples autres communiqués d’éloge,  comment ne pas regretter le silence qui a régné sur ce choix de combat pour la paix que faisait Stéphane Hessel : afficher publiquement ses origines juives  pour montrer que des Français juifs  participent, aux côtés d’autres démocrates,  au combat pour la paix au Proche Orient ?   Il   eut été juste et utile d’associer  cette démarche à son « indignation »  contre toute forme de  violence d’origine religieuse, raciste, antisémite et colonialiste.

Passer sous silence ce combat de Stéphane Hessel, c’est commettre, dans la France angoissée d’aujourd’hui, une erreur humaine et politique.

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