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Le 28/04/2015               

 

Lettre au CNPJDPI suite à son intention de relayer la  lettre de Gisèle Fehlender à Juliette Gréco à propos de sa représentation en Israël pour sa tournée d'adieu


Chères amies et amis ,

UAVJ prend connaissance de la lettre ouverte écrite par Mme Gisèle Fehlender, porte-parole de l'association Sortir du Colonialisme, membre de la campagne BDS France ; il est proposé de la relayer et de la diffuser largement. (*)

Nous ne pensons pas que le CNPJDPI se grandisse à relayer cette lettre.

On y lit « ...Une grande tristesse de vous voir conclure une si magnifique carrière par ce qui, plus qu'une erreur, est une faute, morale et politique. »

On peut se demander quelles sont les extraordinaires qualités qui permettent  aux auteurs de la lettre d'édicter de pareils jugements.

Mme Juliette Gréco  a fait avec constance la preuve de son attachement aux idées progressistes ; peut-être n’a-t-elle pas sur ce point les idées de BDS France mais ceci ne saurait constituer un motif pour parler de « faute morale et politique ». Mme Juliette Gréco fait une tournée d’adieux ; à ce titre, elle se rend en Israël où elle compte rencontrer de très nombreux admirateurs et admiratrices,   qui   savent qui elle est, quelles sont ses idées.

Imagine-t-on une seconde Mme Juliette Gréco partir  en Israël pour une tournée d’adieux en écrasant les convictions de toute une vie ?

Cette seule idée devrait retenir les « condamnations» ex cathedra, qui rappellent d’autres temps.

Il y a matière à discuter de l’opportunité pour un intellectuel  ou un artiste connu de se rendre en Israël aujourd’hui. Il n’y a pas matière à de pareilles questions quand la personnalité visée est celle de Mme Juliette Gréco.

Au-delà on peut se demander légitimement si la vraie raison des jugements sans appel  de la lettre proposée ne tient pas simplement au fait que, à l’instar de beaucoup de progressistes dans notre pays et ailleurs dans le monde, Mme Juliette Gréco ne  se sente pas en accord avec l’idée de « boycott culturel » tel que l’énonce Mme Fehlender .

On ne voit pas en quoi cette divergence de vue peut lui être reprochée dans des termes difficilement soutenables.

Tous les faits rappelés par Mme Fehlender sont connus de Mme Juliette Gréco. Ils sont connus de tous et sa longue liste n’apporte rien. 

En revanche on ne sache pas que les dirigeants actuels de l’Autorité Palestinienne, seule Autorité représentative auprès de la communauté internationale, aient jamais produit un tel appel au boycott culturel.

Les voix israéliennes qui pressent Mme Juliette Gréco d’annuler sa tournée israélienne sont infiniment respectables ; au moins ont-t-telles à nos yeux le crédit que les auteurs de la lettre n'ont pas  en France.

  Le seul fait  que son voyage en Israël provoque le débat en Israël est justement le signe que si elle devait choisir, elle devrait s’y rendre.   Est-elle plus utile en y allant, au-delà de ses spectacles,comme il semble que ce soit le cas, pour  s’entretenir avec des forces progressistes israéliennes , rencontrer les membres de la Knesset de la Joint List ou au contraire en laissant ces progressistes à leurs tourments, et  en identifiant ce qu’ils sont à la politique de leur gouvernement ?

Est-il approprié de comparer ce voyage avec l’attitude de Mme Juliette Gréco, qui doit être saluée, de ne pas se produire dans les municipalités dirigées par le FN ? Il est odieux de procéder à de pareils amalgames. Mme Juliette Gréco est, que l’on sache citoyenne française, et agit en France comme elle l’entend ; sa protestation a un sens en France mais n’a pas du tout la même résonance en Israël dont, à ce qu’on sache, elle n’est pas citoyenne.

Ce dont ont besoin les Israéliennes et Israéliens progressistes, c’est d’espoir. Mme Juliette Gréco, par sa réputation,  son répertoire, son être, sa sensibilité porte l’espoir comme le FN porte la haine. Mme Juliette Greco n’a rien  à faire chez M. Ménard mais tout à Jérusalem.

L’espoir de sortir d’une tragédie qui dure depuis tant d’années et qui en effet frappe le destin de deux peuples. En premier lieu le peuple palestinien évidemment,  mais aussi le peuple israélien. Ses dirigeants l'enfoncent dans la logique d’une guerre sans fin, de  colonisation à outrance , de massacres au nom de la sécurité d’Israël. Ils  détruisent   non seulement le patrimoine historique, culturel et social palestinien mais aussi l’éthique et les valeurs dont se réclamait l’État d’Israël à sa création. 

La situation qui prévaut  au Proche-Orient a en effet de quoi solliciter toutes et tous les progressistes où qu’ils et elles  soient dans  le monde : la poursuite de la politique israélienne actuelle n’est pas de leur seul ressort mais est aussi de leur responsabilité ; il est peu de dire que dans notre pays des forces politiques  influentes, dont certaines portent des valeurs progressistes, ont laissé faire , ont fait preuve d’une coupable complaisance comme   encore récemment avec l’horrible guerre de Gaza. Il y a des déclarations de Ponce Pilate qu’il ne faut ni oublier ni innocenter : sans doute , les dirigeants israéliens actuels ont la légitimité que leur procure l’élection ; sans doute , en Israël les forces de paix ne sont-t-elles pas assez résolues ; mais la responsabilité  de cette situation ne leur incombe pas à elles seules. Les réticences du gouvernement français à  faire des gestes décisifs pour  le respect les droits fondamentaux du peuple palestinien  jouent dans cette tragédie un rôle éminent.

Ce sont ces attitudes, ces réticences et ces prises de position qui permettent aux dirigeants israéliens actuels, quelles que soient leurs responsabilités propres, de poursuivre sans désemparer et contribuent de façon déterminante à enfoncer le peuple israélien dans l’idée qu’il n’y a pas d’alternative.

 En faisant porter à Mme Juliette Gréco tout le poids des responsabilités politiques, la lettre proposée  ne se trompe pas seulement de cible, elle égare.

C’est justement par une appréciation lucide et profonde d’une situation aussi complexe que Mme Juliette Gréco se rend en Israël ; c’est son courage qu’il faut saluer et non l’inciter à déserter.

 (*)Lettre de Gisèle Fehlender à Juliette Gréco




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Mise à jour : 28.04.2015
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